Dani, Michi, Renato und Max

de Richard Dindo |

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      En 1981, Zurich «brûle». Des jeunes gens en révolte réclament un centre autonome et des logements bon marché. Quelque temps plus tard, quatre de ces jeunes manifestants meurent dans de tragiques circonstances où, chaque fois, la police est impliquée.
      Dani et Michi, sans casque sur une moto volée, ont été poursuivis par une voiture de police; celle-ci a provoqué un accident dans lequel ils seront mortellement blessés. Renato, qui a volé une voiture, a été à son tour poursuivi par la police, blessé par balle et hospitalisé dans le coma. Max, qui assis­tait en spectateur à la fermeture mouvemen­tée du centre autonome, a reçu des coups de matraques sur la tête; deux ans plus tard, il est décédé à Barcelone des séquelles de cette violence.
      En 1987, Dindo rapporte brutalement ces faits. Les autorités refusent de remettre à son film le prix qu’un jury d’experts artis­tiques voulait lui décerner. En effet, c’est sur les traces d’un passé refoulé et encore brû­lant que Dindo mène cette nouvelle enquête. Implacablement, le réalisateur y démonte les rouages d’un système qui a lavé les policiers de toute responsabilité dans la mort de ces jeunes gens; il stigmatise «la répression et la liquidation par l’Etat d’un mouvement de révolte»… un propos qui s’actualise plus encore aujourd’hui, après les récents événe­ments de Los Angeles.
      Ce film semble donc plus «documentaire» que d’autres dans l’œuvre récente de Richard Dindo, à savoir plus proche du monde contemporain, plus social que psychanaly­tique. Mais derrière le constat que pose le cinéaste, comme en écho au drame de «L’Exécution du traître à la patrie Ernst S.», Dindo dessine ici le portrait d’une généra­tion perdue qui n’a pas supporté l’échec de sa révolte.
      Les jeunes victimes de «Dani, Michi, Renato und Max» sont à leur manière prémo­nitoires du film que Dindo va réaliser ensui­te, «Arthur Rimbaud, une biographie»: pour lui «Rimbaud est la métaphore de la néces­sité de la rébellion, mais en même temps de son échec permanent, de la destruction inéluctable de toute utopie. Il est en cela (…) un frère des jeunes zurichois victimes des brutalités policières.»
      France / Suisse, 1987, 2h18, couleur; programme n°8