Crimes et délits

de Woody Allen |
avec Martin Landau, Mia Farrow, Woody Allen, Anjelica Huston, Alan Alda, Claire Bloom, Sam Waterston, etc.


Au cours du dîner de gala donné en son honneur, Judah, ophtalmologue réputé, évoque son éducation religieuse: «On m’a appris que l’œil de Dieu est toujours sur nous»; et il ajoute: «Rien d’étonnant à que je sois devenu ophtalmologue». Dans les heures qui ont précédé cette cérémonie, il a chargé un tueur de supprimer sa maîtresse, devenue trop encombrante… Film-gigogne sur la manière de raconter une histoire, «Crimes et délits» est l’un des films les plus aboutis et personnels du cinéaste américain. Sans digressions ni détours, il affronte à la fois sa cinéphilie, sa vision de l’Amérique contemporaine, son rapport à la psychanalyse (le film empruntant la forme de la confession réciproque), ses peurs et ses désirs par rapport au monde. Pour Woody Allen, le vice reste impuni, la vertu, loin d’être récompensée, est pénalisée ou ignorée, l’intérêt personnel mène le monde. Judah sait remédier à la vue défaillante de ses patients; mais il est lui-même frappé de cécité morale. Son ami Ben, le rabbin, qui, lui, voit «clair» moralement, est en train de perdre la vue et Judah, tout démiurge qu’il est pour décider la mort de sa maîtresse, ne pourra pas l’aider. Quant à l’œil de Dieu, il devait regarder ailleurs, puisque le crime que Judah a commis restera impuni.
CRIME AND MISDEMEANORS, Etats-Unis, 1989, couleur, 1h44; programme n°50