Brazil

de Terry Gilliam |
avec Jonathan Pryce, Robert de Niro, Michael Palin, Kim Greist, Katherine Helmond, etc.

    brazil_WEB

    Co-fondateur en 1969 du fameux collectif des Monty Python, Terry Gilliam fait cavalier seul dès 1985 avec «Brazil», film éblouissant et météoritique qui constitue, de manière étrange (et un peu tordue) une sorte d’achèvement de la comédie dite loufoque. Interrogé sur la genèse de son film, Gilliam a répondu avoir ourdi une rencontre entre Frank Capra et Franz Kafka; il faut sans doute dépasser le gag «homophonique» et se rappeler que Frank Capra a été l’un des grands représentants de la «screwball Comedy» (la comédie loufoque): reprenant le personnage d’«homme de la rue» développé par Capra, Gilliam le dépossède de son optimisme «basique», pour le plonger dans un univers absurde et futuriste qui emprunte effectivement beaucoup à Kafka. Un insecte tombe dans un ordinateur «primitif» et change le nom d’un soi-disant criminel, Tuttle (Robert de Niro), en Buttle… le quidam qui porte ce nom est aussitôt exécuté. Sam Lowry (Jonathan Pryce), employé médiocre (bien dans la lignée des «héros» kafkaïens), est chargé d’indemniser la famille de l’«erreur administrative»… le cauchemar est au bout du chemin! Avec un humour impitoyable, Gilliam ridiculise la cécité de son héros «à la Capra»; ce faisant, il montre de façon magistrale que la comédie dite loufoque, qui œuvre en catimini à la régulation du lien social, possède une origine toute idéologique.

    Grande-Bretagne, 1985, couleur, 2h12; programme n°29