Adam’s Apple

Méliès d’Or 2006 du meilleur film fantastique européen
de Anders Thomas Jensen
avec Mads Mikkelsen, Ulrich Thomsen, etc.


Actuellement, le cinéma fantastique a plutôt le vent en poupe dans les pays nordiques. De fait, cet engouement ne date pas d’hier. Au temps du Muet déjà, des géants comme Mauritz Stiller, Viktor Sjöström ou Carl Theodor Dreyer avaient donné au genre ses lettres de noblesse. Le jeune cinéaste danois Anders Thomas Jensen renoue donc avec cette tradition en lui ajoutant une touche d’ironie très assassine. Convaincu de la bonté originelle de l’homme, le bon pasteur Yvan (Mads Mikkelsen) recueille des ex-taulards dans sa maison de paroisse pour les remettre dans le droit chemin. Mais sa belle œuvre charitable et vertueuse se corse le jour où débarque Adam (Ulrich Thomsen), un néo-nazi très peu repenti, dont on ne compte plus les dérapages verbaux.

Au fil des scènes, le spectateur en vient cependant à se demander qui est le plus atteint, du pasteur ou du skinhead? Aux yeux des connaisseurs, «Adam’s Apples» apparaîtra comme un remake très décalé de «Ordet» (1955), l’un des chefs-d’œuvre de Dreyer. Les profanes feront leur miel de l’humour perturbant de Jensen qui s’amuse comme un beau petit diable avec l’idée déjà très ambiguë de rédemption. Voir le crâne rasé se métamorphoser en ange salvateur, alors que l’homme d’église affiche le rictus séculier de l’inquisiteur, limite psychopathe, est très jouissif… A croquer sans aucune modération!
ADAMS ÆBLER, 2005, Danemark, couleur, 1h34, programme n°140