À bras-le-corps

Programme n°239 |

Du 14 octobre au 17 novembre, Passion Cinéma présente quatorze films inédits qui montrent le corps dans tous ses états, magnifié, métamorphosé, changeant ou menacé dans son intégrité… à l’image de «Yalda», «Cunningham» et «Afican Mirror» proposés en présence d’invité·es et en avant-première!

À bras-le-corps

En ces temps singuliers où il importe de garder ses distances, découvrir des films en salles est une expérience plutôt consolatrice et peut-être même un brin curative pour notre psychisme mis à bien rude épreuve. Sitôt les lumières éteintes, nous sommes confronté·es au spectacle d’actrices et d’acteurs dont les corps s’offrent à nous sans retenue, exacerbant notre fonction haptique, une sorte de sixième sens qui subsume ceux liés à la vue et au toucher, nous donnant la sensation de pouvoir littéralement «toucher par le regard».

Décuplée par le grand écran, cette sensation d’intense proximité tend à créer une impression d’intimité troublante, à l’heure où la Covid-19 édicte les règles d’un nouveau savoir-vivre. Partant, Passion Cinéma convie spectatrices et spectateurs à suivre un véritable entraînement de leur fonction haptique en proposant un cycle de films que l’on dirait projetés «en présentiel» tant ils diffusent un fort sentiment d’incarnation, d’être-là tour à tour terrifiant, sensuel ou jubilatoire.

Quatorze films incarnés

Partant, ces quatorze œuvres très diverses montrent le corps dans tous ses états: menacé dans son intégrité («Yalda», «Kød & blod»), réfutant le carcan du genre («A Perfect Family», «Calamity»), ignoré jusqu’à en devenir transparent («The Assistant»), en recherche constante de perfection («Petites Danseuses», «Cunningham»), objet d’un exotisme douteux («African Mirror), miné par le non-dit («Des Hommes»), en proie au doute originel («ADN»), voué à une mission («I Am Greta»), soigné par la cuisine («Master Cheng») ou réduit à l’état de zombie («Peninsula», «Pour l’éternité»).

Et le plus beau dans tout cela, c’est que cette exposition régénératrice à autrui par films interposés semble sans risques. Jusqu’à preuve du contraire, aucune salle de cinéma en Suisse n’a à ce jour engendré de cluster.

Vincent Adatte