Solitude(s)…

Programme n°224 |

Du 14 novembre au 18 décembre, Passion Cinéma présente 8 films qui nous interrogent sur nos existences éphémères et s’imposent comme autant d’antidotes à la solitude… Ne manquez pas ces films inédits et toutes les séances spéciales proposées en présence d’invité.e.s!

Solitude(s)…

Grâce au pouvoir isolant du cadre, le septième art n’a pas son pareil pour faire éprouver aux spectateurs et spectatrices la sensation même de solitude. C’est King Vidor qui en a établi un usage quasiment canonique dans le chef-d’œuvre de sa période muette, «La Foule» (1928), par le truchement d’un travelling avant qui fend le flot anonyme des citadins pour venir cadrer en gros plan le visage fermé de «l’homo urbanus» en exil intérieur malgré la multitude qui se presse à ses côtés.

Isolant

Pour son ultime cycle de 2018, Passion Cinéma a jeté son dévolu sur huit films qui, s’ils ne reproduisent pas forcément ce geste inaugural de notre modernité cinématographique, délivrent divers états de solitude. De celle, par exemple, qui étreint l’héroïne des «Chatouilles» où Andréa Bescond revient sur le drame qui l’a littéralement séparée du monde des vivants. Idem pour la skieuse Lara Gut, dont «Looking for Sunshine», le documentaire du Tessinois Niccoló Castelli, restitue à la dérobée l’isolement forcé que requiert une carrière de championne.

Empathie

Et que dire du protagoniste du splendide «Heureux comme Lazzaro» d’Alice Rohrwacher (Prix du scénario à Cannes), contraint à errer comme un fantôme dans une société qui n’a jamais été si excluante? Mais il n’y a pas lieu de se pendre à un coin de l’écran tant le cinéma, par films interposés, a aussi le merveilleux apanage de susciter l’empathie envers et contre tout, à l’instar de ce que réussit à faire un cinéaste indispensable comme le Japonais Hirokazu Kore-eda avec «Une Affaire de famille» (Palme d’or à Cannes).

Antidote

Idem pour le documentaire «Pomme et volcan» de Nathalie Oestreicher, formidable leçon de vitalité administrée par une jeune dessinatrice en fin de vie, «Pupille» de Jeanne Herry, film vibrant d’humanité sur l’adoption, et «Mauvaises Herbes» de Kheiron et ses adolescents esseulés, sans oublier l’impressionnant «Genesis 2.0» du cinéaste documentaire suisse Christian Frei qui nous perd, extatiques, dans les grands espaces désertiques de Sibérie. Oui, le cinéma (en salles) peut être un antidote à la solitude!

Vincent Adatte