«Intérieurs / nuit»

Caméra-stylo, programme n°170 |

Pour sa rentrée, Passion Cinéma présente en partenariat avec le Groupe Sida Neuchâtel et l’association Happy Gays un cycle de films inédits sur le thème de la discrimination, de l’exclusion et du mal-être qui en dérive. Rassurez-vous, cette sélection n’a rien d’une litanie triste et lancinante, même si elle est traversée d’éclats de douleur parfois sidérants. Le titre choisi pour ce cycle à la diversité exceptionnelle traduit déjà cette ambivalence. Pour mémoire, «Intérieurs / nuit» est l’indication canonique à disposition du scénariste pour signifier que la scène qu’il décrit dans son scénario se déroule à l’intérieur et de nuit, une information cruciale pour le cinéaste et son chef opérateur, à la différence près que le terme «intérieur» s’écrit au singulier. Il s’agit donc d’abord de cinéma et même de grand cinéma, c’est ce que nous avons voulu signifier en premier lieu! Mais, sorti de son contexte usuel, ce même terme acquiert aussi une portée métaphorique qui rejoint les préoccupations essentielles de nos partenaires de cycle. Oui, l’exclusion, la discrimination, le manque de tolérance, l’incompréhension, tout cela saccage nos intériorités, les enténèbre sans rémission.

De façon subtile et très diverse, notre thème apparaît en filigrane dans les œuvres proposées. Ici, un pape se rebelle contre l’exclusion de la vie que lui vaut son élection «divine» («Habemus Papam» de Nanni Moretti). Là, une carence du soi-disant instinct maternel crée un fossé insurmontable («We Need to Talk About Kevin» de Lynne Ramsay). Ailleurs, l’injustice de la maladie isole et détruit un couple, a fortiori quand elle s’applique à un enfant («La guerre est déclarée» de Valérie Donzelli). Plus loin, la «Melancholia» insidieuse de Lars von Trier nous retranche en nous-même, dans l’attente de la catastrophe. D’autres titres dévoilent par nécessité les stigmates de la discrimination, tel l’indispensable «Vol spécial» de Fernand Melgar qui nous renvoie à notre inconscience civique, ou le terrible «Présumé coupable» de Vincent Garenq, description sans fard sur le mode de la fiction de l’affaire d’Outreau, monstrueuse erreur judiciaire s’il en est. Description de l’intérieur d’un bordel de la Belle Epoque, «L’Apollonide – Souvenirs de la maison close» participe de ce même dévoilement.

Enfin, sachez qu’aucun cinéphile ne sera exclu du grand concours organisé dans le cadre des vingt ans de Passion Cinéma. Ralliez dès que possible notre site Internet (www.passioncinema.ch) et gagnez peut-être une carte de libre accès aux séances labellisées Passion Cinéma, valable pendant une année!

Vincent Adatte