A voir jeudi 8 octobre 2015 à 20h40 sur RTL9 |
Le mythe du loup-garou a été très profitable au cinéma dit fantastique. L’on doit à la fameuse société américaine Universal (dirigée par l’Allemand Carl Laemmle) le démarrage de son exploitation: Laemmle donne le coup d’envoi avec «Le loup-garou de Londres» (Stuart Walker; 1935), dont John Landis fera le remake en 1981; selon les spécialistes, «Loup-garou» («The Wolf Man» de Georges Waggner, 1941) et «Frankenstein rencontre le loup-garou» («Frankenstein Meets the Wolf Man» de Roy William Neill, 1943) constituent les chefs-d’œuvre du genre.
Au fur et à mesure de l’évolution des techniques cinématographiques, les cinéastes traitant le thème ont de plus en plus axé leurs films sur la transformation du loup-garou; au contraire des pionniers qui, limités par leurs moyens, prenaient bien soin de laisser cette transformation dans l’ombre. La tyrannie «moderne» de l’effet spécial a eu pour effet d’accentuer l’aspect spectaculaire au détriment du sens psychologique du mythe — pour prendre conscience de l’importance de cette perte, il suffit de comparer «La Féline» («Cat People», 1942) de Jacques Tourneur avec le remake homonyme que réalisa Paul Schrader en 1982.
«Wolf», et c’est là son aspect le plus positif, renoue avec une approche plus psychologique en ne sacrifiant pas tout aux effets spéciaux. Venant de Mike Nichols, qui se fit connaître dès 1966 avec le fameux «Qui a peur de Virginia Woolf?» («Who’s Afraid of Virginia Woolf?»), une scène de ménage mémorable entre Richard Burton et Elizabeth Taylor), ce retour à plus de finesse ne surprend guère. Certes, l’auteur du moins célèbre «Lauréat» («The Graduate», 1967), introduit sa version de manière classique — un éditeur nommé Will Randall (Jack Nicholson) est mordu par un loup une nuit de pleine lune — mais il imagine des conséquences nettement plus subtiles: Randall va vivre sa transformation comme une régénérescence.
Le mythe du loup-garou devient alors le prétexte à une critique indirecte des tares de l’homme dit civilisé; mordant la vie à pleines dents, Randall se met à vivre une vie où les instincts soi-disant primitifs sont plus ou moins réhabilités, pour le plus grand plaisir (un peu trouble) de Laura (Michelle Pfeiffer) la fille de son patron.
de Mike Nichols
Etats-Unis, 1994, 2h15