Villa Amalia

A voir lundi 29 septembre 2014 à 13h30 sur Arte |

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Lorsqu’elle voit son mari embrasser une autre femme, Ann (Isabelle Huppert) décide de le quitter. Lorsque quelqu’un tousse dans l’assistance, elle se lève de son piano et décide de quitter la scène, définitivement. Elle décide d’ailleurs de tout quitter, de disparaître. Elle ferme ses comptes bancaires, vend sa maison, se coupe les cheveux. Elle ne reviendra plus. Le seul lien avec le monde qu’elle accepte d’entretenir, c’est une relation avec un ami d’enfance (Jean-Hugues Anglade) perdu de vue et retrouvé par hasard: lui qui ne sait plus rien d’elle, il aura le privilège de partager son projet fou. Un peu comme elle avait changé de nom pour devenir artiste dans sa jeunesse, elle décide à présent de disparaître – avec toute l’ambivalence que le terme implique. C’est alors qu’Ann tombe amoureuse d’une maison perchée au sommet des falaises d’une île italienne offrant comme seul spectacle une étendue d’eau turquoise à perte de vue. La Villa Amalia.

Adapté du roman éponyme de Pascal Quignard, le film dépeint méticuleusement les étapes de cette disparition – est-il encore possible de disparaître au 21ème  siècle ? – pour enfin prendre de la hauteur tandis qu’Ann prend les marques de sa nouvelle vie. Qui d’autre qu’Isabelle Huppert pour donner corps et voix à cette femme à la décision radicale ? Cette femme qui n’écoute qu’elle-même et son instinct ? Si l’actrice a laissé dernièrement son instinct au repos pour choisir des rôles plus légers ou moins incarnés, elle représente dans «Villa Amalia» la figure par excellence de l’actrice-auteur, titre que peu de comédiennes aujourd’hui ne sauraient lui disputer.

de Benoît Jacquot
France, 2008, 1h31