Une Femme de ménage

A voir mardi 6 octobre 2015 à 13h35 sur Arte |

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Producteur avisé («L’Ours» de Jean-Jacques Annaud), parfois courageux («Tess» de Roman Polanski, «La Reine Margot» de Patrice Chéreau), Claude Berri est aussi un réalisateur inégal, plus à l’aise dans le film intimiste («Le Vieil Homme et l’Enfant», «Tchao pantin») que dans la superproduction de qualité française («Jean de Florette», «Germinal»).

Seizième long-métrage de son auteur, «Une Femme de ménage» prolonge cette veine un brin déprimante qui s’interroge sur les grandeurs et servitudes de l’acte héroïque consistant à vieillir. Ingénieur du son plaqué par sa femme, le pauvre Jacques (Jean-Pierre Bacri) engage une femme de ménage pour remettre de l’ordre dans son intérieur. Jeune et enjouée, Laura (jouée par Emilie Duquenne, la «Rosetta» des frères Dardenne) remplit de façon inespérée sa tâche en devenant de façon très naturelle sa maîtresse consentante – refaire le lit lui pèse moins!

Un brin contraint par la différence d’âges de ses deux personnages, Berri enfile quelques clichés mémorables en la matière, mais s’en tire nettement mieux dans le registre de l’ambiguïté sexuelle: Jacques est à la fois un père et un amant pour Laura, alors que cette dernière reste sa maîtresse et sa femme de ménage. Dans le contexte puritain actuel qui assombrit nos bonheurs les plus simples, cette confusion des rôles est d’une impertinence revigorante! Deux ou trois subtilités mystérieuses (la terre sur la joue de Laura, l’évolution capillaire de cette dernière) confèrent au film de Berri un petit charme triste indéniable. Dans le même temps, son alter ego Bacri montre qu’il est bel et bien devenu l’un de nos meilleurs acteurs: assurément, sa prestation en demi-teinte ronchonnante vaut le détour!

de Claude Berri
France, 2001, 1h28