Un Vrai Cinglé de cinéma

A voir mercredi 22 mars 2017 à 23h05 sur RTS Deux |

Oublions le titre choisi pour la distribution française qui ne restitue en rien le galbe corrosif de l’intitulé original : «Hollywood or Bust» (1956), soit «Hollywood ou le buste», merveilleux condensé de la stratégie marketing des grands studios! Le buste en question, c’est celui de la sculpturale Anita Ekberg qui, quatre ans plus tard, allait se baigner nue dans la Fontaine de Trevi, donnant matière à la scène la plus mythique de «La dolce vita» de Fellini…

C’est le dernier film des seize films où jouent en duo Jerry Lewis et Dean Martin, dirigés pour la deuxième fois (une année après «Artistes et Modèles») par le bien trop sous-estimé Frank Tashlin… Après avoir gagné une rutilante voiture à une tombola, Malcolm Smith (J. Lewis) fait route vers Hollywood pour y rencontrer Anita Ekberg, la star de ses rêves. Mais un joueur un brin escroc (D. Martin) prétend détenir lui aussi le billet gagnant. Les deux «chanceux» décident alors de partager leur prix et rallient ensemble l’Usine à rêves…

De ce film, Jean-Luc Godard, alors encore critique, à écrit à juste titre qu’il s’agissait de ce genre de «film de commande où, précisément, un cinéaste digne de ce nom, a le droit de livrer impudiquement ses secrets»… L’un de ces secrets, c’est la façon subtile, et insolente, dont Tashlin moque en permanence, et ce dès la séquence pré-générique, la manière dont Hollywood représente la femme (et par là-même s’en prémunit peureusement).

Enfin, un autre grand intérêt de ce film porte sur la manière dont Lewis prend clairement l’ascendant sur son bientôt ex-compère Martin, faisant mentir le stupide slogan promotionnel attaché à leurs débuts cinématographiques («le beau garçon et le singe»), ce dont leur metteur en scène ne fait nullement mystère, bien au contraire!

Hollywood or Bust
de Frank Tashlin
Etats-Unis, 1957, 1h34