Après «L’Homme sans âge» (2007) et «Tetro» (2009), Francis Ford Coppola livre un nouveau chef-d’œuvre basé sur son propre vécu et aux vertus thérapeutiques. Pour la promotion de son livre de sorcières, un écrivain bouffi débarque dans une petite ville bourgade qui évoque la série «Twin Peaks». Pour combler son manque d’inspiration, il se laisse embarquer par un shérif grimaçant dans une enquête sordide….
Guidé par le fantôme d’Edgar Allan Poe et une ado vampire pourvue d’un appareil dentaire, le romancier rencontre ne tarde pas à découvrir les ruines d’un hôtel où fut jadis perpétré un massacre d’enfants. Intitulé d’après un mot anglais qualifiant une sorte d’entre-deux, «Twixt» se situe entre le réel du serial killer et le monde étrange des fantômes. A la faveur de nuits américaines, Coppola y joue avec les couleurs pour créer une atmosphère emplie d’un onirisme évanescent, entre le gothique et le kitsch, faisant surgir le rouge vif sur la pâleur d’un bleu acier proche du noir et blanc.
Avec un art consommé de la destruction des règles et conventions cinématographiques (deux scènes seulement sont en 3D), Francis Ford Coppola capture ses personnages dans des plans larges pour donner la sensation de l’enfermement dans le rêve. Le film oscille entre dérision et tragédie, jusqu’à ce que la peine du père, se sentant coupable de l’accident mortel de l’enfant, surgisse avec une intensité spectaculaire. Coppola, qui a lui-même perdu un jeune fils, nous livre un film d’inspiration fantastique à la fois déroutant et envoûtant!
de Francis Ford Coppola
Etats-Unis, 2011, 1h29
à voir à Neuchâtel