Tristana

A voir lundi 8 juillet 2013 à 22h25 sur Arte |

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Tourné deux ans après «La Voie lactée» et sa litanie merveilleuse d’hérésies, «Tristana» (1970) est sans doute l’un des films de Buñuel parmi les plus accomplis. Avec une douceur et une tendresse paradoxales, le cinéaste espagnol prend en effet complètement à revers les valeurs compassées de l’époque, tout en feignant le classicisme le plus classique…

A Tolède, en 1929, le vieil aristocrate Don Lope (Fernando Rey), modeste rentier et original attaché à sa liberté, est le tuteur de Tristana (Catherine Deneuve), une orpheline de dix-huit ans. Il commence par la considérer comme sa fille, mais, insensiblement, leurs rapports changent et il devient un amant envahissant et jaloux.

Plus tard, la jeune femme rencontre le peintre Horacio (Franco Nero) et décide de vivre avec lui. Malade, elle revient toutefois vers son ancien protecteur, qui a fait, entre-temps, un confortable héritage. Le séduisant Horacio la délaisse après qu’elle ait été amputée d’une jambe. Mais Don Lope n’aura pas l’occasion de goûter aux joies d’un mariage tardif…

Avec un bonhommie trompeuse, Buñuel va jusqu’au terme de sa démonstration, faisant tranquillement craqueler le vernis du «savoir-vivre», sans donner pour autant les explications qui nous auraient tant rassurés. De fait, le réalisateur du «Fantôme de la liberté» (1974) n’aimait guère «l’intentionnalité d’auteur» et faisait tout pour contrer la sienne, d’où son habitude de ne jamais rien expliquer aux acteurs (auxquels il ne communiquait jamais de scénario).

de Luis Buñuel
Espagne / France / Italie, 1970, 1h40