Tout sur mon père Max Linder

A voir mercredi 28 janvier 2015 à 22h30 sur Arte |

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Avec l’aide du réalisateur Jean-Michel Meurice, Maud Linder ravive la mémoire de son père, Max Linder, génie du cinéma burlesque. Gabriel Leuvielle de son vrai nom, est né 1883 dans le Sud-Ouest en France. Acteur et réalisateur, il fût l’un des précurseurs du burlesque au sein de la Société Pathé. Son jeu et ses inventions ont notamment influencé Charlie Chaplin dans sa création du personnage de Charlot, qui a repris son idée de personnage à caractère social. Non seulement Chaplin le considérait comme un maître, mais Max Linder a aussi influencé tous les grands génies du rire, les Mack Senett, Buster Keaton, Harold Lloyd, Groucho Marx, et plus tard Pierre Etaix ou encore Jacques Tati. Lorsque celui-ci se donne la mort à 42 ans, Maud est encore un nourrisson et c’est grâce aux rares copies conservées par Henri Langlois à la Cinémathèque française qu’elle découvre, vers l’âge de vingt ans, l’œuvre de ce père qu’elle n’a pas connu.

Engagé par Charles Pathé en 1905 en tant que scénariste, réalisateur et acteur des productions de la Société, Max Linder tourne rapidement ses premiers courts-métrages et crée le personnage de Max, un gentilhomme élégant et moustachu, coiffé d’un haut-de-forme. En 1912, fort d’un contrat mirobolant avec Pathé, le cinéaste tourne pas moins de cinquante films par année, dont la plupart ont aujourd’hui disparu. Pour l’anecdote, le jeune Max a dû batailler ferme pour imposer sa vocation artistique auprès de sa famille, son père lui avait d’ailleurs interdit d’associer son nom à sa carrière sur les planches de théâtre, et c’est en passant devant l’enseigne d’un magasin de chaussures parisien qu’il trouva son nom de scène LINDER.

Partant au front en 1914, Max Linder est rapidement réformé en raison de sa santé fragile et s’installe à Ouchy pour suivre sa convalescence. Toujours très affaibli, il quitte néanmoins la Suisse à la demande des Studios Essanay, qui lui proposent un contrat de douze films à Chicago. Il y fait la rencontre de Charles Chaplin, avec lequel il se lie d’une grande amitié. Sa santé le contraint à revenir en Europe avant d’honorer les termes de son contrat, mais le cinéaste n’est pas homme à se laisser abattre et joue dans l’adaptation cinématographique du «Petit Café» (1919) de Tristan Bernard, avant de réaliser trois longs-métrages aux Etats-Unis, «Sept ans de malheur» (1920), «Soyez ma femme» (1921) et «L’Etroit Mousquetaire» (1922), qui provoque un véritable délire, c’est un triomphe. Hélas, la suite est plus sombre, puisqu’en 1925, alors qu’il prépare le scénario du très ambitieux «Chevalier Barkas», Max Linder va se suicider par amour avec sa jeune femme Ninette, laissant derrière lui un héritage artistique, que Maud Linder ressuscite à travers ce précieux documentaire, agrémenté d’images de films, d’archives et de témoignages.

de Jean-Michel Meurice
France, 2013, 53min