Touchez pas au grisbi

A voir dimanche 24 janvier 2016 à 22h30 sur D8 |

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Disparu en 1960 à l’âge de 53 ans, l’assistant de Renoir et cinéaste français Jacques Becker nous a légué une filmographie aussi passionnante qu’inégale, alternant des films grand public et de purs chefs-d’œuvre, comme «Casque d’or» (1952) ou «Le Trou» (1960). Ses réalisations lui accordent une place à part dans l’histoire du cinéma français. Plus vraiment classique, pas encore moderne, Becker annonce la Nouvelle Vague par son éclectisme dans le choix de ses sujets, son attention au réel, son goût pour les tournages en extérieur et sa désinvolture à l’égard des «principes».

Max et Riton ont fait le casse de leur vie en s’emparant de 50 millions en lingots d’or. Riton s’en vante auprès de sa maîtresse qui, la langue bien pendue, rapporte tout à Angelo, un caïd bien mal attentionné. Riton se fait kidnapper et Max doit verser une rançon démesurée pour le faire libérer. Désormais, il s’agit de choisir entre le magot ou l’amitié.

Seul polar de la filmographie de Jacques Becker (qui ferait pâlir les plus grands films noirs américains), «Touchez pas au grisbi» est adapté d’un roman d’Albert Simonin. Pourtant, contrairement aux Howard Hawks et autres Nicholas Ray, Becker ne fait pas la chronique sociale du milieu dans lequel évoluent les malfrats, mais s’intéresse plutôt aux particularités qui constituent chacun d’entre eux. En effet, selon les propres mots de l’auteur, «Les sujets ne m’intéressent pas en tant que sujets. […] Seuls les personnages de mes histoires (et qui deviendront mes personnages) m’obsèdent vraiment, au point d’y penser sans cesse». Sa vision du polar inspirera bon nombre de réalisateurs français et lancera la vogue du film de gangsters dans les années 1950 et 1960.

«Touchez pas au grisbi» marque également le retour triomphal de Jean Gabin, exilé à Hollywood durant la Seconde Guerre mondiale, puis intégré, en 1943, aux Forces navales française libres. Débarrassé de son image de jeune premier, Gabin dévoile une nouvelle facette de son jeu, celle d’un homme expérimenté qui impose le respect, et assoit définitivement le prestige de sa réputation.

de Jacques Becker
France, 1953, 1h34