A voir jeudi 14 juillet 2016 à 15h05 sur Arte |
Le septième long-métrage du cinéaste taïwanais Ang Lee appartient à l’espèce rare des films qui, littéralement, font jubiler le spectateur sur son siège. Première coproduction sino-américaine, «Tigre et Dragon» renoue avec une tradition cinématographique très en vogue dans le Hongkong des années soixante, le «wuxia», l’équivalent de nos films de cape et d’épée (en plus bondissant encore).
A la fin de la dynastie Ming, vers 1390, le vol de l’«épée parfaite» provoque une lutte à mort entre un héros fatigué (Chow Yun Fat), flanqué de sa disciple et néanmoins très indépendante Shu Lien (sublime Michelle Yeoh), et deux âmes noires et féminines, la jeune aristocrate Jen (Zhang Zi Yi) et sa maîtresse à penser, la sorcière Jade (Pei-pei Cheng).
De fait, l’épée volée n’est qu’un objet-prétexte, le fameux «McGuffin» hitchcockien, qui permet au cinéaste de construire une folle course dont la «chorégraphie» est souvent d’une beauté stupéfiante: le final sur les cimes de la mystérieuse bambouseraie d’Anji est un «morceaux de bravoure» jamais vu au cinéma – le secret de ces cascades vertigineuses réside dans l’emploi judicieux de câbles «invisibles» le long desquels se laissent glisser les acteurs et actrices (parfois rehaussé par quelques rares effets «numériques»).
Devant ce pur spectacle, où tout semble possible (y compris et surtout de voler comme un oiseau), le spectateur retombe dans un état d’enfance que rien ne vient entamer — pas même la parodie du genre que l’on ressent au détour de certaines séquences. Ce filmant, Ang Lee (qui, jusqu’alors, ne s’était jamais risqué dans le «wuxia») se montre l’égal d’un maître comme Tsui-Hark («Histoires de fantômes chinois», 1987).
Wo hu cang long
de Ang Lee
Etats-Unis / Chine / Hong Kong / Taïwan, 2000, 1h59