The Wrestler

A voir mercredi 26 mars 2014 à 23h00 sur France 4 |

Lion d’Or du festival de Venise 2008, «The Wrestler» vient enfin faire imploser d’émotion nos petits écrans! Un catcheur décavé tente un ultime retour. De cet argument éculé, le cinéaste américain Darren Aronofsky tire une allégorie bouleversante à laquelle l’acteur Mickey Rourke prête son corps martyrisé.

Cinéaste maniériste voire ésotérique, Darren Aronofsky, à quarante ans, n’est guère apprécié de l’establishment hollywoodien, surtout après le ratage de l’ambitieux «The Fountain» (2006). Elevé au rang de star par Francis Ford Coppola au milieu des années quatre-vingt, Mickey Rourke s’est ensuite égaré sur le chemin de la gloire, avant de connaître en 2005 avec «Sin City» de Robert Rodriguez un retour en grâce à la fois touchant et grotesque. Boxeur dans sa prime jeunesse, Rourke a renoué avec le «noble art» durant sa traversée du désert, sans grand succès, sinon des dommages irrémédiables causés à son ex-gueule d’ange, faisant de lui une manière de monstre de la chirurgie esthétique… Ensemble, ces deux laissés pour compte de l’Usine à rêves étasunienne ont ourdi un mélodrame d’une portée inouïe, qui laisse K.O. le spectateur et tous les rêves puérils de puissance de l’Amérique.

Catcheur ayant connu son heure de gloire, «The Ram» (le bélier) alias Randy Robinson (M. Rourke) se bourre de stéroïdes et divers produits dopants pour sauver les apparences et continuer d’exercer son labeur. Vivotant dans une caravane plantée dans un terrain vague sinistre du New Jersey, le champion déchu courtise une strip-teaseuse (Marisa Toméi) qui use aussi de son corps pour donner le change, sans en être dupe. Après une sérieuse alerte cardiaque, Randy abandonne le catch pour travailler au rayon boucherie d’un supermarché, essaye de se rabibocher avec sa fille dont il a oublié tous les anniversaires, avant de tenter un come-back dérisoire et périlleux contre l’Ayatollah, une ex-star vieillissante du catch comme lui…

Fiction véridique, filmée comme un documentaire, façon frères Dardenne, «The Wrestler» entretient à dessein la confusion entre le destin emblématique de son protagoniste et la carrière cabossée de Rourke. En résulte une allégorie admirable, au masochisme parfois insoutenable, attrapant dans ses filets tant le cinéma, avec ses vrais catcheurs qui font semblant de mourir, que les soi-disant glorieuses années «Bush» renvoyées dans les cordes!

de Darren Aronofsky
Etats-Unis, 2008, 1h45