A voir vendredi 23 décembre 2016 à 17h20 sur NRJ12 |
A Seahaven, une ville portuaire idyllique, Truman Burbank (Jim Carrey) vit une existence paisible. Chaque matin, il se lève le sourire aux lèvres et quitte son joli pavillon résidentiel pour se rendre à l’agence d’assurances dans laquelle il travaille. Quant à Meryl (Laura Linney), son épouse, elle se départ rarement de sa bonne humeur et ne faillit jamais à sa tâche d’épouse modèle. Un jour, un grain de sable dans l’engrenage trop bien huilé de Seahaven met la puce à l’oreille de Truman: et s’il était acteur d’une gigantesque mise en scène?
Dans les années 1950, le nucléaire provoqua une vague de films paranoïaques qui mettaient en scène la perte de contrôle de l’homme sur son existence. Par sa propre faute, ce dernier ouvrait la porte à des envahisseurs cauchemardesques qui prenaient tantôt la forme d’extraterrestres, de morts-vivants ou d’insectes mutants. A la fin des années 1990, avec la démocratisation d’Internet et le succès grandissant des émissions de téléréalité, le concept du «Big Brother» n’était plus seulement le fruit de l’imagination de l’écrivain George Orwell, mais une réalité qui s’infiltrait doucement dans tous les foyers du monde. Autrement dit, l’envahisseur avait, une fois de plus, changé d’apparence.
En faisant référence à «L’Invasion des profanateurs de sépultures» (1956) de Don Siegel lors d’une scène de battue, Peter Weir tire un signal d’alarme. Il dénonce le pouvoir de manipulation des médias et la fragilisation de notre liberté individuelle avec subtilité, faisant du pauvre Jim Carrey la victime innocente de ses congénères. La portée de ce film a sûrement échappé au cinéaste qui ne pouvait pas prévoir, en 1998, le phénomène du «réseautage social». Pourtant, en moins de vingt ans, «The Truman Show» est passé du stade de film d’anticipation à celui de reflet édifiant de notre société.
Ces problématiques passionnantes constituent le sous-texte d’un parcours initiatique classique. Peter Weir suit avec attention les stratégies élaborées par son héros pour échapper à son sort et nous propose de ressentir les grandes émotions du drame hollywoodien, à l’instar du Créateur de l’émission (Ed Harris), qui tire les ficelles d’un monde utopique, dans lequel le chocolat en poudre «Mococoa» constitue la solution à tous nos maux. Vous en prendrez bien une tasse?
de Peter Weir
Etats-Unis, 1998, 1h43