A voir dimanche 18 août 2013 à 0h11 sur France 3 |
Les méfaits sanglants de celui que l’on ne désignait pas encore à l’époque comme un «serial killer» ont donné matière à une ribambelle de films qui élucident chacun à leur manière un fait-divers qui reste encore irrésolu à ce jour (aux dernières nouvelles, il semblerait que l’éviscérateur de prostituées fût un Polonais mort à l’asile à l’âge de vingt-trois ans).
C’est le cinéaste allemand Georg Wilhelm Pabst qui évoqua le premier cette sinistre affaire de manière indirecte dans son chef-d’œuvre «Loulou», faisant assassiner à la fin du film l’inoubliable Louise Brooks par Jack l’Eventreur. Parmi toutes les versions existantes, celle, muette, d’Alfred Hitchcock (1926) est à n’en pas douter l’une des plus brillantes.
L’on gardera aussi en mémoire l’interprétation hallucinée du démentiel Klaus Kinski dans la contribution gore de Jess Franco (1976), le pape du cinéma bis récemment disparu, sans oublier l’ingénieux «C’était demain» (1979), variation géniale de Nicholas Meyer qui voit l’écrivain H.G. Wells poursuivre le dangereux maniaque après que ce dernier lui a dérobé sa fameuse machine à remonter le temps!
Premier film à évoquer frontalement le cas, «The Lodger» (littéralement : «le locataire») est sorti en 1944 aux Etats-Unis puis en France en 1947 sous le titre «Jack l’Eventreur». Né en Allemagne en 1893, John (Hans) Brahm se consacre dans un premier temps à la mise en scène de théâtre, avant d’émigrer en 1937 aux Etats-Unis où il embrasse une carrière de réalisateur. Après quelques œuvres très négligeables, il signe entre 1944 et 1946 quatre films noirs demeurés depuis lors des classiques du genre (dont «The Lodger»), pour ensuite retomber dans la médiocrité.
Adapté du roman de la très prolifique Marie-Belloc-Lowndes publié en 1913, «The Lodger» débute à Londres alors que Jack l’Eventreur a assassiné sa quatrième victime. Dans le quartier pauvre de Withechapel, un inconnu se présentant comme un pathologiste demande à louer une chambre à un vieux couple… Magnifié par la photographie poisseuse de Lucien Ballard, le film de Brahm vaut surtout pour l’interprétation de Laird Cregar (1913-1944), gros nounours inquiétant dont le talent éclata dans une quinzaine de films, sa mort prématurée mettant un terme à une carrière prometteuse.
de John Brahm
Etats-Unis, 1943, 1h24