The Grandmaster

A voir lundi 11 juillet 2016 à 20h05 sur Arte |

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Après «Les cendres du temps» (1994), Wong Kar-wai réinvente pour la deuxième fois le film d’arts martiaux. Dans «The Grandmaster», le réalisateur hongkongais lui associe son sens sublime de la mélancolie et de la beauté, tout en lui conférant un réalisme totalement neuf! Dès les années 1920, le film d’arts martiaux connût un grand essor en Chine, jusqu’aux bombardements puis à l’invasion des Japonais qui ruinèrent la production cinématographique. En 1949, la proclamation de la République populaire par Mao Zedong, rejetant la tradition, provoqua l’interdiction des «films de sabre». De nombreux cinéastes s’exilèrent à Hong Kong, où le genre devint une industrie, dont l’apothéose fût marquée par l’incontournable Bruce Lee. Wong Kar-wai rejoue aujourd’hui cette histoire à sa manière.

En 1936, à Foshan dans le sud de la Chine, la vie prospère d’Yip Man est vite contrecarrée par la venue de maître Baosen et de sa fille Gong Er, la seule à connaître le secret de la prise mortelle des 64 mains. Tandis que Baosen se cherche un successeur à la tête de l’Ordre des arts martiaux, l’occupation japonaise plonge le pays dans le chaos. Le monde traditionnel des grands maîtres et leur code d’honneur va s’écrouler. Yip Man perd sa famille, avant de fuir à Hong Kong pour monter une école de kung-fu… dont Bruce Lee sera l’un des élèves les plus assidus!

Partant, Wong Kar-wai livre un film sombre où il capte l’ambiguïté de ses personnages dans ses moindres détails, au sein de séquences foisonnantes qui jouent sur des tonalités nacrées ou ocres, soulignant ainsi l’humilité du simple geste – celui du kung-fu, le seul résultant d’une maîtrise parfaite du corps et de l’esprit. Par le biais d’une tournage minutieux dans des décors réels, d’un récit entrelacé et d’un sens prodigieux du temps dilaté, l’auteur de «In the Mood for Love» (2000) atteint un réalisme et une esthétique qui renouvellent complètement le genre auquel Bruce Lee nous avait habitués avec son cri perçant. Le cinéaste chorégraphie alors ses combats de façon funèbre, symbolisant ainsi le déclin des grands maîtres comme la disparition de la Chine traditionnelle…

Yut doi jung si
de Wong Kar-Wai
Hong Kong / Chine / France, 2013, 2h02