The American

A voir mardi 28 février 2017 à 21h sur C8 |

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Avant d’être réalisateur de cinéma, le Néerlandais Anton Corbijn est d’abord photographe et auteur de clips musicaux. De David Bowie à Miles Davis, il a tiré le portrait de nombreuses célébrités et a notamment su mythifier le groupe U2. En 2007, il s’est lancé dans une carrière de cinéaste avec le génial «Control», un biopic en noir et blanc sur la vie tumultueuse de Ian Curtis, le chanteur de Joy Division. Le photographe démontrait alors un réel talent, en particulier sur le plan esthétique. On l’attendait donc au tournant pour «The American», adapté du roman «A Very Private Gentleman» de Martin Booth.

Après un prologue saisissant où on le voit échapper à des assassins qui ont flairé sa piste jusqu’en Suède, Jack (George Clooney) se réfugie dans un petit village italien typique des Abruzzes. Super entraîné, malin et habile à la construction d’armes artisanales redoutables, ce professionnel du crime – surnommé «Monsieur Papillon» en référence à l’un de ses tatouages – vit sans attache. Hélas, la solitude inhérente à ses activités criminelles lui pèse. Jack se met sur le chemin de la rédemption en se liant d’amitié avec un curé et en s’amourachant d’une belle prostituée nommée Clara. Conscient du danger qu’il fait courir à ces derniers, il espère qu’un ultime contrat lui apportera de quoi passer une retraite confortable, avec celle qu’il aime…

Magnifiant la campagne des Abruzzes grâce à une photographie sobre et désaturée, Anton Corbijn rend un bel hommage aux westerns spaghetti de Sergio Leone et annonce un thriller haletant mâtiné de courses-poursuites dans les ruelles louvoyantes d’un petit village italien. Cependant, le photographe et cinéaste privilégie la question existentielle du criminel en quête d’une vie normale, donc pourvue d’une relation amoureuse, et l’on devine bien trop vite les plans de «Mister Butterfly». Dès lors, le suspense fait cruellement défaut. Certes, en sa qualité de grand portraitiste, Corbijn fait des femmes des êtres irrésistibles, des muses avec juste ce qu’il faut de cellulite pour paraître vraies. De son côté, Clooney le bellâtre aux cheveux gris est impeccable, tant sur le plan du tueur à gages que sur celui de la séduction (comme à son habitude, naturellement). Mais la rencontre de Jack et de la belle Clara fait basculer le film dans un mélo pétri d’une détresse espiègle et rythmé par une lenteur contemplative. Bien que la mise en scène participe d’une esthétique envoûtante, «L’Américain» manque donc son coup, de peu. Quel dommage!

de Anton Corbijn
Etats-Unis, 2010, 1h43