A voir samedi 2 janvier 2016 à 20h30 sur RTS Deux |
Adoubé par Steven Spielberg, producteur en 2011 de son film le plus intéressant («Super 8»), J.J. Abrams est aujurd’hui considéré par les décideurs hollywoodiens comme le messie, celui qui va ressusciter l’Usine à rêves exsangue!
Avant de s’attaquer à la perpétuation de l’épopée «Star Wars», le créateur de séries télé innovantes comme «Lost» ou «Fringe», s’est fendu d’un «reboot» de la saga «Star Trek». Pour mémoire, dans le jargon «globish» (contraction de «global English»), ce terme désigne la tentative de donner du sang neuf à une série en s’aventurant dans des directions inédites. De fait, le réalisateur de «Mission impossible 3» avait déjà tenté le coup en 2009. Las, sa façon de décrasser les turbines de l’«USS Enterprise» n’avait guère convaincu…
Reprenant l’idée d’un récit de jeunesse du Commander James T. Kirk, Abrams commence le douzième long-métrage de la franchise par un prologue éruptif qui lorgne du côté d’Indiana Jones, avant de succomber à une énième option terroriste, en faisant péter une bombe à Londres, dont les ondes de choc dramaturgiques vont faire tanguer le vaisseau de Kirk, Spock et Cie.
Ce faisant, le cinéaste confère à son film une noirceur qui ne laisse pas d’impressionner. Celle-ci constitue toutefois un contresens par rapport au récit candide et généreux initié dès 1964 par Gene Roddenbery. Le charme du «Star Trek» première manière résidait en effet dans sa découverte à la fois naïve et émerveillée de différentes formes de l’altérité extraterrestre, magnifié par des maquillages et des effets spéciaux ridicules. En se concentrant sur un ennemi intérieur, une figure très tendance aujourd’hui, Abrams perd ce charme utopique, pour embrayer sur la paranoïa délirante qui barbouille la plupart des blockbusters actuels.
de J.J. Abrams
Etats-Unis, 2013, 2h10