Spider-Man 2

A voir jeudi 29 juin 2017 à 23h30 sur NT1 |

Spider-man-2_WEB

Cinéaste très maniériste à ses débuts, Raimi a peu à peu délaissé les outrances de sa trilogie «Evil Dead» (initiée en 1982, alors qu’il allait sur ses vingt-trois ans). Dès le superbe et déchirant «Darkman» (1990), l’auteur de «Mort ou vif» (1993) s’est détourné des effets spéciaux dont il faisait un usage immodéré et baroquisant. Remake occulte du «Trésor de la Sierra Madre», faux western et vrai film noir tourné par John Huston en 1948, «Un plan simple» (1999) atteint à une sobriété assez extraordinaire – pour qui a connu les outrances grand-guignolesques de son mémorable «Mort sur le gril» (1985).

Œuvre de commande, le second volet de la trilogie «Spider-Man» confirme cette évolution. Alors qu’il aurait pu donner lieu à un festival de tripatouillages numériques, le quatorzième long-métrage de Raimi joue au contraire la carte d’une sobriété (presque désuète) qui concorde parfaitement avec l’esprit de la bande dessinée d’origine publiée dès 1962 par les éditions Marvel Comics.

Contrairement à des «super héros» comme Superman (conçu en 1939) ou Batman (créé une année plus tard), Spider-Man est un héros beaucoup moins positif qui reflète le climat «protestataire» post-guerre froide des années soixante qui l’ont vu naître. Contrairement à Batman et Superman, qui sont des personnages «costumés», Spider-Man, victime d’une piqûre infligée par une araignée radioactive connaît une mutation dont les effets sont très douloureux. Adolescent solitaire mal dans sa peau, rejeté par la gent féminine, peu valorisé dans son activité professionnelle, Spider-Man, (alias Peter Parker), contrairement à Superman et Batman, suscite l’hostilité de la population et des médias new-yorkais qui le prennent (à tort) pour un méchant. Autre différence, et de taille, celle-là, les vrais méchants (comme le Bouffon vert) sont souvent d’anciennes victimes rongées par le ressentiment.

Non sans ironie, le cinéaste Sam Raimi a su métaphoriser dans son personnage arachnéen tous les aléas du devenir adulte. Dans le premier épisode (2002), Peter Parker sortait de son enfance d’orphelin par le haut. Jouissant de pouvoirs paranormaux après avoir été piqué par une araignée mutante, le jeune étudiant se découvrait un destin de surhomme en mesure de lui faire oublier les blessures du passé. Multipliant les allusions sexuelles, Raimi appariait de façon audacieuse puberté et volonté de puissance. «Spider-man 2» (2004) montre Parker dans la plénitude de sa jeunesse, vivant sa double identité comme un don, même si elle lui apporte son lot de complications amoureuses…

de Sam Raimi
Etats-Unis, 2004, 2h07