A voir lundi 5 août 2013 à 22h35 sur Arte |
Né en 1949 à Hongkong, Wayne Wang, qui doit son prénom à un père admirateur de John Wayne, est l’un des rares cinéastes asiatiques étasuniens a avoir réussi à s’imposer de façon durable dans le système de production dominant, sans avoir (trop) renié son identité partagée! Réalisateur d’une vingtaine de films, qui reflètent souvent le dilemme identitaire des Américains d’origine asiatique et dont le plus radical dans cet esprit reste «Chan is Missing» (1982), Wang habite encore à ce jour le quartier chinois de San Francisco.
Tourné deux ans après «Le Club de la chance», un mélodrame féminin qu’il a réalisé dans le système des studios, «Smoke» (1995) constitue un retour à l’indépendance. Vivant depuis plus de trente ans en Amérique, il trouve en Paul Auster un écrivain dont les thèmes cardinaux, la solitude et la difficulté de communiquer, lui sont très proches. Wang persuade alors Auster d’écrire pour lui. Ensemble, ils conçoivent le scénario de «Smoke», un film choral remarquable qui s’attache à une série de personnages qui gravitent tous autour du bureau de tabac sis à Brooklyn, tenu par Augie Wren (Harvey Keitel)…
C’est sans doute l’un des films où Wang est le mieux arriver à composer avec ses influences multiples: l’humour grinçant des comédies cantonaises, la subtilité de la psyché chinoise, son désir d’expérimentation, d’improvisation… La même année, le futur réalisateur de «La Princesse du Nebraska» (2007) tourne en quelques jours avec Paul Auster une suite qui n’en est pas vraiment une («Brooklyn Boogie»), même si le Brooklyn Cigar Company d’Augie en reste le point névralgique…
de Wayne Wang
Etats-Unis/Allemagne, 1995, 1h50