Sleepy Hollow

A voir lundi 7 septembre 2015 à 23h20 sur TMC |

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Au départ de ce magnifique et très convulsif «Sleepy Hollow», il y a une nouvelle de l’écrivain américain Washington Irving (1783-1859), «La Légende de Sleepy Hollow», qui, encore aujourd’hui, est très lue aux États-Unis. Précurseur ironique de Conan Doyle et de son fameux Sherlock Holmes, Irving y fait une belle démonstration de «fantastique expliqué» en démontant les rouages d’une machination soi-disant surnaturelle dont on découvre, au final, qu’elle était destinée à ridiculiser le héros, un instituteur un peu trop raisonneur! S’emparant de la nouvelle d’Irving, Burton lui fait subir une «distorsion» révélatrice: Ichabod Crane (Johnny Depp) n’est plus un instituteur, mais un policier new-yorkais dont les méthodes «scientifiques» échaudent son supérieur qui l’envoie en 1799 (autrement dit au seuil de l’histoire moderne) enquêter dans le village de Sleepy Hollow dans le but de démasquer l’auteur de trois meurtres par décapitation.

La tête trop pensante, Ichabod doit peu à peu se rendre à l’évidence: l’affaire échappe à toute résolution rationnelle, le meurtrier se révélant être un «cavalier sans tête» dont le statut est très fantomatique! En «hantant» son héros d’un mystérieux roman familial (la mère d’Ichabod aurait été tuée par son père qui la soupçonnait d’être une sorcière), Burton martèle le point faible de l’Amérique moderne: des origines obscures, primitives, plurielles, inavouables et ensanglantées, dont l’oubli forcené (exigé par l’utopie puritaine du progrès) est à la base même des explosions de violence d’aujourd’hui!

Comme dans tous ses films, il fait donc œuvre politique. En grande cohérence avec son propos, l’auteur de «Edward aux mains d’argent» ne fait pas mystère des origines de sa mise en scène qui fait ouvertement référence aux «petits» chefs-d’œuvre de la Hammer Films (pour les couleurs), au cinéaste d’horreur italien Mario Bava, à Walt Disney (qui adapta aussi la nouvelle d’Irving en 1949) et dont Burton constitue une sorte de négatif.

de Tim Burton
Etats-Unis, 1999, 1h45