Signes

A voir lundi 23 mars 2015 à 20h50 sur D8 |

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Né en Inde un 6 août 1970, de parents médecins, mais élevé dans un milieu très aisé de la ville de Philadelphie, où il situe l’action de presque tous ses films, M. Night Shyamalan – de son vrai nom Manoj Nelliyattu Shyamalan – est l’un des rares auteurs à s’être fait récemment un nom à Hollywood. Pétri de spiritualité «syncrétique» (ce qui lui joue parfois de mauvais tours, comme on leur verra plus loin), Shyamalan a renoué avec une tradition oubliée du cinéma fantastique.

Très éloigné des obscénités transformistes que permettent les nouvelles technologies numériques, l’auteur du «Sixième Sens» (1999) et de «Incassable» (2000) retrouve avec cet art de la suggestion qui faisait tout le prix des films produits par le mythique Val Lewton (1904-1951) pour le compte de la défunte RKO – dont «La Féline» (1942), «Vaudou» (1943) et «The Leopard Man» (idem), trois chefs-d’œuvre signés Maurice Tourneur. Avec une maîtrise confondante, Shyamalan façonne un entre-deux inconfortable pour le spectateur qui peine à trancher… Réalité surnaturelle ou fruit de projections inconscientes des personnages, les images très travaillées du jeune cinéaste possèdent un statut ambigu, anti-spectaculaire, très réjouissant à l’heure où l’industrie hollywoodienne a une nette tendance à tout vouloir nous pré-mâcher. Cette volonté folle de ne pas vouloir traiter le public en «idiot de village», à la longue, risque hélas de lui aliéner la confiance des producteurs, surtout qu’il a semble-t-il décliné la réalisation du troisième épisode des très juvéniles aventures d’Harry Potter pour tourner «Signes»…

Quels sont les protagonistes de «Signes»? Il y a là une famille américaine de la Pennsylvanie profonde, dont le père, Graham Hess (Mel Gibson), un prêtre défroqué, a perdu la foi après la mort de sa femme… Et quelques êtres non identifiés. Ces derniers auraient manifesté leur présence en dessinant dans le champ de la famille Hess des formes gigantesques à la géométrie intrigante. Ces dessins titanesques et agricoles étant simultanément signalés dans diverses parties du monde, certains n’hésitent pas à parler d’invasion extra-terrestre. Comme de coutume, Shyamalan se montre très avare dans la description en soi du phénomène (comme l’aurait fait tout employé modèle de la grande industrie hollywoodienne), mais se concentre plutôt sur la manière dont les personnages accueillent l’événement, dans leur intimité propre. Ce faisant, il fait surgir les symptômes d’un profond malaise existentiel qui, lui, n’a rien de surnaturel…

Signs
M. Night Shyamalan
Etats-Unis, 2001, 1h45