A voir vendredi 16 janvier 2015 à 13h35 sur Arte |
Avec la complicité du producteur indien Ismaël Merchant (1936-2005), le cinéaste américain James Ivory (né en 1928) a constitué depuis le milieu des années soixante une œuvre subtile, parfois très énigmatique et empreinte de l’humour de celui qui observe à distance, tournant souvent ses films en Inde, dont «Autiobiographie d’une Princesse» (1975) qui, à ce jour, reste sans doute son meilleur film.
En retrait depuis la mort de Merchant, Ivory a connu une notoriété publique tardive grâce «Retour à Howards End» (1991) et «Vestiges du jour» (1993) où ce grand admirateur de l’écrivain Henry James (comme lui né américain, mais «so british») reconduit sa collaboration avec le couple formé de Emma Thompson et Anthony Hopkins, qu’il avait déjà dirigé sur «Howards End».
Dans ce premier film, adapté du roman de l’écrivain Edward Morgan Forster, James Ivory tisse des liens inattendus entre deux familles aux idées radicalement opposées. Au début du 20e siècle, en Angleterre, Margaret Schlegel (Emma Thompson), une jeune femme aux idées progressistes, se lie d’amitié avec Ruth Wilcox (Vanessa Redgrave), la mère d’une famille richissime et patriarcale. A sa mort, celle-ci lègue sa maison de campagne de Howards End à sa nouvelle amie, qui n’en saura rien, le testament ayant été brûlé par les proches de la défunte. Pourtant, Henry Wilcox (Anthony Hopkins) épouse Margaret, qui va peu à peu voir Helen (Helena Bonham Carter), sa sœur cadette, prendre ses distances avec ce nouveau mode de vie bourgeois et conservateur…
A la croisée de l’époque victorienne et des temps modernes, James Ivory filme les allées et venues de ses protagonistes au sein d’un monde en transition avec un raffinement et une clarté inouïes. En ce sens, il réussit une véritable prouesse en transposant au cinéma l’essence d’un roman particulièrement dense sans jamais faire l’impasse sur la complexité de ses personnages. En résulte un drame social magistral, qui confine au travail d’orfèvre.
Howards End
de James Ivory
Grande-Bretagne / Japon, 1992, 2h22