A voir dimanche 26 juin 2016 à 20h55 sur France 2 |
Déjà à l’affiche de «L’homme qui rit», excellent conte fantastique et gothique adapté de Victor Hugo, Christa Théret se met littéralement à nu dans le rôle d’Andrée dans «Renoir». En posant pour l’illustre peintre (Michel Bouquet), et en séduisant le futur réalisateur Jean Renoir (un Vincent Rottiers qui rappelle Jean Gabin), la jeune et fraîche actrice à la voix cassée attire les regards du père comme du fils.
Dans une nature virevoltante, verdoyante et ruisselante, voici Andrée la «Dédée», la jupe au vent sur son vélo. Elle arrive à Cagnes sur la Côte d’Azur, chez les Renoir, pour poser sur des divans couverts de fleurs et d’oripeaux. Tandis que le «patron» la peint en tremblotant d’agilité malgré les rhumatismes, Jean Renoir, le cadet, revient claudiquant des tranchées. Andrée devient l’objet des désirs et des fantasmes des deux artistes, pourtant entourés de nombreuses autres femmes, servantes, amantes et modèles…
Dans «Renoir», le réalisateur français Gilles Bourdos s’efforce évidemment de rendre l’esthétique des toiles de l’auteur de «La balançoire» (1876). Cependant, quand le peintre renonce à la netteté du dessin pour mieux faire émerger sa Dédée, le cinéaste est contraint de faire le point sur l’actrice. La photographie est ainsi léchée d’éclairages et de jeux d’ombres virtuoses. «Merde, ce que c’est beau!» dit l’Auguste Renoir en admirant les nus qu’il tire de véritables tableaux vivants. Hélas, bien que le fils Jean achète ses premières bobines de pellicule à cinq sous le mètre, le film ne trouve pas ce petit quelque chose qui permet de passer du troisième au septième art. En ces temps troubles, nous eussions préféré plus d’audace, genre le «Van Gogh» de Pialat, voire le «Basquiat» de Schnabel!
de Gilles Bourdos
France, 2012, 1h52