A voir mardi 11 juillet 2017 à 22h40 sur Gulli |
Le très tenace cinéaste belge d’animation Michel Ocelot a remporté en 1998 un succès aussi surprenant que réconfortant avec «Kirikou et la sorcière», la désormais incontournable transposition «cartoonesque» très enlevée d’un conte traditionnel peul (Afrique de l’Ouest). Assisté par ordinateur mais post-synchronisé par de vraies voix d’enfants africains, «Kirikou et la sorcière» a dû sans doute sa réussite à un véritable «respect des sources» dont les faiseurs de l’Oncle Walt feraient bien de s’inspirer!
Or, avec «Princes et princesses», l’on découvre que le sieur Ocelot s’était déjà bien «rodé» en la matière. Réalisée avant Kirikou et destinée en premier lieu à la télévision, cette anthologie de contes «animés» provenant de diverses sources (Japon, Egypte, Moyen-Âge, etc.) frappe en effet par le soin tout particulier apporté à la reconstitution des époques et mentalités évoquées. Ces travaux antérieurs ont tous été conçus selon la technique des ombres chinoises filmées image par image d’après un procédé élaboré par la cinéaste allemande Lotte Reiniger entre 1923 et 1926, à l’occasion du tournage des «Aventures du prince Ahmed» — un pur chef-d’œuvre du cinéma d’animation.
Grâce à une machinerie «naïvement» très élaborée, des enfants d’aujourd’hui, certes secondés par un expert en animations rêveuses, sont à même de vivre des histoires fabuleuses se déroulant aux quatre coins du globe en des temps plus ou moins anciens! L’habit faisant le moine (il suffit de le dessiner), ces gosses deviennent les acteurs consentants de contes et légendes dont la plus réussie, à notre goût, est la «nippone». Entre chaque incursion légendaire, nous revenons dans le «labo d’anime» pour vivre une sorte d’interlude (où les gosses choisissent leur prochaine destination); nécessaire, ce retour à la réalité casse un peu beaucoup le charme, par son aspect très répétitif. Cette structure convient certes très bien pour une diffusion à la télévision — l’usage d’un leitmotiv étant indispensable à la bonne identification d’une série — mais passe plutôt mal au cinéma! Reste que ce travail d’artisan est parfois admirable: par les seules ombres chinoises, Ocelot parvient en effet à suggérer tout un climat, une époque, sans que l’on ressente un quelconque manque; son évocation, sans concessions, de mœurs parfois brutales (et plus particulièrement dans les contes ayant l’Europe pour cadre!) change de certains sirops animés et écœurants!
de Michel Ocelot
France, 1998, 1h10