A voir dimanche 15 février 2015 à 20h45 sur Gulli |
«Joueur solitaire» du Nouvel Hollywood, selon l’expression de Bertrand Tavernier, Robert Altman a réalisé pas moins de quatorze longs-métrages de 1970 à 1980 et exploré autant de genres, du film de guerre à la science-fiction, en passant par le western, le film de gangster, la comédie musicale, le thriller psychologique ou encore la comédie. Au crépuscule de cette décennie extrêmement créative, il est contacté par les studios Disney pour réaliser une adaptation en prises de vues réelles de la célèbre bande-dessinée «Popeye». A la surprise générale, l’usine à rêves du cinéma d’animation accorde sa confiance et ses millions au cinéaste le moins formaté de l’industrie du cinéma hollywoodien.
Popeye le marin parcourt les mers à la recherche de son Pôpa. Un jour ensoleillé, il amarre sa barque au port de Sweethaven. Dans ce village paisible où il fait bon vivre, il fait la connaissance de l’inénarrable Olive, adopte le petit Mimosa et affronte les sautes d’humeur de l’irascible Brutus…
Réalisant sa version de «Popeye» sur l’île de Malte, où les décors du film sont restés intacts, Robert Altman réussit la prouesse de restituer l’esprit de la bande-dessinée originelle, tout en lui imposant le style «altmanien» qui fait le sel de chacun de ses films. Maître incontesté du film choral, il donne une véritable épaisseur aux personnages secondaires et parvient à composer une jolie symphonie qui nous donne l’impression de faire partie intégrante de cette joyeuse communauté.
«Popeye» nous réserve encore quelques trouvailles de casting, à commencer par le regretté Robin Williams qui, dans le rôle-titre, fait ses premiers pas au cinéma. Prêtant ses airs grimaçants et ses talents d’imitateur au marin éborgné et à son élocution hasardeuse, il atteint un niveau de mimétisme rare, à l’image de Shelley Duvall, actrice fétiche d’Altman, qui est tout simplement née pour incarner Olive Oyl!
de Robert Altman
Etats-Unis, 1980, 1h54