A voir dimanche 11 juin 2017 à 21h sur C8 |
Dans les années 1960, le «cinéma de papa» ou «Qualité française», expressions inventées avec dédain par François Truffaut pour désigner un cinéma de scénaristes et d’adaptations littéraires académiques, est en perte de vitesse. A côté des jeunes Turcs de la Nouvelle Vague, une génération de cinéastes redorent le blason d’«une certaine tendance du cinéma français», dont Henri Verneuil est l’un des plus importants représentants.
Après un démarrage timide et insipide, le cinéaste d’origine arménienne a développé une exigence artistique et narrative qui lui a permis d’élaborer une filmographie solide, caractérisée par des interprètes prestigieux et des scénarii rondement ficelés. Durant la décennie 1960, il enchaîne les succès avec le très alcoolisé «Un Singe en hiver» (1962), les criminels «Mélodie en sous-sol» (1963) et «Le Clan des Siciliens» (1969), la cavale saharienne de «Cent mille dollars au soleil» (1964) et les délires psychopathes de «Peur sur la ville» (1975).
Perturbé par la gent féminine, un homme se faisant appeler Minos, en référence à la Divine Comédie de Dante, harcèle ses victimes au téléphone avant de tuer l’une d’entre elle. Chargé bien malgré lui de l’affaire, le commissaire Letellier (Jean-Paul Belmondo) est obsédé par Marcucci, un gangster qu’il traque en vain depuis plusieurs années. Pourtant, la terreur grandit dans la ville à mesure que les meurtres s’enchaînent…
Entre polar à la française, giallo à l’italienne et thriller à l’américaine, «Peur sur la ville» révèle une nouvelle fois les influences d’Henri Verneuil et sa capacité à faire coexister film d’auteur et divertissement. Des courses-poursuites à couper le souffle, un érotisme macabre, des personnages ambivalents à mille lieues des poncifs du genre, une intrigue à rebondissements, des dialogues qui font mouche… Classique incontournable du cinéma français, «Peur sur la ville» symbolise à merveille la restructuration que vit le cinéma, à l’échelle mondiale, dans les années 1970.
de Henri Verneuil
France / Italie, 1974, 2h05