A voir mardi 14 octobre 2014 à 13h30 sur Arte |
Après avoir été le tout jeune assistant de Bernard Borderie ou Marguerite Duras, Benoît Jacquot a débuté sa carrière de réalisateur dans les années 1980, tournant des films épurés et très dépouillés dans la veine de Bresson, comme «Les Ailes de la colombe» avec Isabelle Huppert, avant d’être enfin reconnu à l’international au milieu des années 1990 avec «La Fille seule», puis «Septième Ciel» et «Ecole de la chair». En parallèle, Jacquot travaille pour la télévision et réalise des documentaires, en particulier consacré à des auteurs et écrivains, comme Lacan ou Salinger, par exemple.
Observateur très inspiré de nos désordres amoureux, cinéaste prolifique s’il en est, il alterne désormais les plus gros budgets avec des stars, comme «Adolphe» (2002) avec Isabelle Adjani, avec des productions moins coûteuses et indépendantes, telles que «L’Intouchable» (2006), tourné en Inde en 16 mm. Ses personnages principaux sont souvent des femmes, dont les trajectoires se caractérisent par un mouvement de fuite, qui les éloigne de leur passé, famille ou métier, à l’image de «Villa Amalia» ou «Les Adieux à la Reine», Prix Louis-Delluc du meilleur film 2012.
Sélectionné à la Mostra de Venise en 1999, «Pas de scandale» raconte l’histoire de Gregoire Jeancour, grand patron d’industrie, qui retrouve ses enfants, sa femme, son frère Louis après un séjour en prison, pour ce que l’on devine être un scandale financier, et dont il ressort très changé. Porté par Fabrice Luchini, excellant dans ses mimiques hébétées et ses regards silencieux, le film offre une vision critique d’un monde et d’une nature humaine en peine déliquescence, au-delà de la simple satire des milieux aisés. Un film à la fois sombre et mélancolique, dont la mise en scène déjoue à chaque fois les attentes du spectateur et démontre la toute puissance du point de vue.
de Benoît Jacquot
France, 1999, 1h45