A voir lundi 10 février 2014 à 0h25 sur France 2 |
Cinéaste oublié à redécouvrir, Julien Duvivier (1896-1967) a laissé une œuvre abondante derrière lui (soixante-huit longs-métrages) constituée, entre autres, de remarquables adaptations de Georges Simenon. Pessimiste et tourmenté, Duvivier a connu son apogée durant les années trente, signant quelques-uns de ses films-clefs, reflets d’une période très particulière de l’histoire de France, avec «Poil de Carotte» (1932), «La tête d’un homme» (1933), «Pépé le Moko» (1935), «Un Carnet de bal» (1937).
Réalisé en 1946, «Panique», adapté d’un roman de Simenon intitulé «Les Fiançailles de M. Hire», est l’un des films les plus appréciés de Duvivier. Monsieur Hire (Michel Simon) est un personnage bien singulier. Eperdument amoureux d’Alice, sa voisine d’en face, il est incapable de considérer son côté manipulateur. Lorsque le fiancé de celle-ci commet un meurtre, la jeune femme s’arrange pour faire porter le chapeau à son admirateur…
L’enquête policière qui conduit à l’effondrement de Monsieur Hire intéresse peu Duvivier qui préfère dévoiler la noirceur du genre humain. Contrairement à Simenon, le cinéaste décrit un personnage foncièrement bon qui, contrairement à ses congénères, se laisse seulement porter par des sentiments positifs. Or, c’est là que son regard s’avère nihiliste, puisque c’est précisément la pureté de l’âme de Hire qui va le conduire à sa perte, symbolisant le triomphe irréfutable du mal sur le bien. A sa sortie, au lendemain de la guerre, le film connaît un échec compréhensible. Pourtant, l’effet de panique, cristallisé dans la diabolisation d’un individu par toute une communauté, comporte une vérité universelle analysée à chaud par un cinéaste qui s’est toujours attaché à décrire le réel dans ce qu’il comporte de plus lumineux et de plus sombre.
de Julien Duvivier
France, 1946, 1h31