Panic Room

A voir mardi 23 mai 2017 à 22h25 sur RTL9 |

Après les avoir effrayés avec «Fight Club» (1999), «Alien 3» (1991), «Se7en» (1994) et autre «The Game» (1996), David Fincher se devait sans doute d’amadouer les studios avec un «vrai» film de genre apparemment dénué de toute préoccupation d’auteur. Telle est probablement la genèse de «Panic Room» (2002), thriller très stylé, qui décline sur le mode de la virtuosité tous les «cas de figure» procédant d’une situation donnée…

Soit Meg, une mère divorcée (sublime Jodie Foster), et Sarah, sa fille adolescente (Kristen Stewart). Désormais sans «hommes» pour les protéger, Meg et Sarah viennent d’emménager dans un appartement de luxe. Elles s’apprêtent à y passer une nuit réparatrice, quand des cambrioleurs investissent leur nid douillet. Mère et fille se réfugient dès lors dans la chambre forte de la demeure, réputée imprenable mais souffrant de quelques regrettables défauts de conception… D’autant plus que les malandrins rivalisent d’ingéniosité pour les bouter hors de leur forteresse. Le lieu où elles se croient en sécurité devient alors lentement mais sûrement la «chambre de la panique» («Panic Room»), un piège dont il faut absolument sortir, sous peine d’y laisser sa peau…

Non sans savoir-faire, Fincher recycle l’héritage hitchcockien en jouant son va-tout sur les attentes du spectateur. Avec l’aide du scénariste David Koepp (qui nous avait déjà fait le coup avec «Jurassic Park»), Fincher reprend un vieux fonds de commerce en raillant la soi-disant infaillibilité de la technologie de pointe conçue dans le seul et unique but de protéger la classe (très) aisée. Il suffit de quelques barbares (ou tyrannosaures) résolus pour la mettre en échec! Dans le même temps, la mention «divorcée» sur le «curriculum vitæ» de sa protagoniste permet à Fincher de flatter inconsciemment le goût de revanche sensé habiter le spectateur mâle en décrivant, par la bande, l’impasse qui guette les femmes assez «folles» pour se croire capables de se passer des hommes dans leurs existences. Tout cela ne signifie pas que le cinéaste soit un misogyne, mais indique que le sieur Fincher n’a pas peur de «faire avec» des fantasmes collectifs (un brin) douteux. D’aucuns avanceront qu’il s’agit d’une ironie «massacrante» qui vise avant tout les décideurs hollywoodiens, lesquels forcent les auteurs à manipuler une idéologie assez vile…

de David Fincher
Etats-Unis, 2002, 1h48