Océans

A voir mardi 20 juin 2017 à 22h20 sur Gulli |

Après les cieux immenses du «Peuple migrateur», Jacques Perrin nous convie à explorer les océans profonds avec, en ligne de mire, cette belle idée que seul le spectacle indicible de la nature peut nous incliner au respect. Idéaliste mais fascinant!

En 1956, le fameux commandant Cousteau décrochait avec «Le Monde du silence» la Palme d’or au Festival de Cannes, une première pour un documentaire, qui attestait déjà de la fascination exercée par le spectacle du monde sous-marin. Cinquante ans plus tard, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud replongent avec des moyens autrement ambitieux, notamment un matériel de prises de vue dont la sophistication ravale au rang de bricolage les caméras prototypes du commandant Cousteau! Dans l’intervalle, par la faute de l’homme, l’état du patrimoine océanique s’est terriblement dégradé, jusqu’à l’irrémédiable. Face à ce constat, «Océans» sonne donc comme un ultime cri d’alarme ou un requiem grandiose à la beauté déchirante, c’est selon!

En guise de réponse à un enfant qui lui demandait: «c’est quoi l’océan?», Perrin a démultiplié pendant quatre ans les équipes de tournage. Celles-ci s’en sont allées filmer les flots bleus aux quatre coins de la planète avec pour mission d’en ramener des images en mesure de sidérer le plus blasé des spectateurs, histoire de ranimer notre faculté d’émerveillement, jalon indispensable de toute prise de conscience écologique. Partant, l’approche savante est réduite à sa portion la plus congrue, en l’absence d’un docte commentaire qui aurait constitué une véritable orgie d’appellations scientifiques.

Ainsi délesté de l’obligation d’instruire, «Océans» réussit de façon répétée la gageure de nous donner l’impression du «jamais vu», magnifié il est vrai par le grand écran et une mise en scène spectaculaire ayant le don de ranimer notre âme naïve d’enfant qui se demande: «mais comment ont-ils faits?». Chacun gardera en mémoire l’une ou l’autre séquence. Pour nous, ce sera celle, inouïe, de ce banc de sardines qui se déploie telle une tornade langoureuse, bientôt défaite par les Fous du Cap plongeant en piqué exactement en son centre! Devant de pareilles images, l’on pardonnera volontiers la dimension un peu cumulative du film, qui additionne parfois les séquences comme autant de morceaux de bravoure, sans trop se soucier de faire le lien.

de Jacques Perrin & Jacques Cluzaud
Suisse / Espagne / France, 2009, 1h44