A voir dimanche 30 mars 2014 à 0h00 sur France 3 |
Né à Vannes dans le Morbihan le 3 juin 1922, Alain Resnais est mort ce samedi 1er mars 2014 à Paris, entouré de sa famille, a annoncé son producteur Jean-Louis Livi. Il avait 91 ans. La télévision lui rend hommage en diffusant «Smoking».
A nonante ans, le cinéaste français Alain Resnais avait reçu en 2009 à Cannes un «Prix exceptionnel pour l’ensemble de sa carrière et sa contribution à l’histoire du cinéma». Ce n’est que justice en regard du génie singulier qui caractérise l’œuvre du réalisateur de «Hiroshima mon amour» (1959). Adapté d’«Intimate Exchanges», un ensemble de pièces écrites par l’auteur britannique Alan Ayckbourn, «No Smoking» est le film jumeau de «Smoking», sorti simultanément au cinéma en 1993. Dans l’un et l’autre cas, l’intrigue est appelée par le fait de s’abstenir ou non de fumer une cigarette. César du meilleur film, ce diptyque constitue un véritable exercice de style, tant dans sa construction (pour chaque film, six dénouements possibles sont proposés), que dans son interprétation, puisque Sabine Azéma et Pierre Arditi incarne tous les personnages qui apparaissent à l’écran (cinq rôles féminins pour elle, quatre rôles masculins pour lui).
Dans «No Smoking», des décors de studio oniriques nous plongent dans un petit village du Yorkshire où Celia Teasdale, l’épouse du directeur de l’école, fait une pause dans son ménage pour se prélasser dans son jardin. Elle hésite alors à fumer une cigarette, mais s’abstient. Arrive alors Miles, l’ami de son époux, qui lui ouvre des perspectives amoureuses qu’elle réprime, par respect pour l’homme qu’elle aime, même s’il est gravement porté sur la bouteille.…
Mettre en scène une telle pièce relève de l’exploit, mais Alain Resnais a évité les redites engendrées par le cours des événements qui se rembobine pour proposer une nouvelle trajectoire. Grâce aux dessins de Floc’h, l’histoire se répète sous une nouvelle forme et permet de conserver un rythme et une durée acceptables dans l’un et l’autre film. Encore une fois, comme dans «Mon Oncle d’Amérique» en 1980, le cinéaste nous fait croire que chacun est maître de son destin alors qu’il n’en est rien. Les événements qui se produisent dans la vie de chacun des personnages ne sont que le fruit du hasard. Une réflexion sur l’amour, le «ou bien… ou bien», le temps et l’espace rigoureusement maîtrisée.
de Alain Resnais
France, 1993, 2h30