A voir mardi 8 novembre 2016 à 13h35 sur Arte |
Formé comme gagman chez Hal Roach et Mack Sennett, Frank Capra a marqué la comédie américaine de sa bienveillance et sa recherche constante d’un idéal américain. En 1936, il initie ce qui a été rétrospectivement considéré comme une trilogie («L’Extravagant Mr. Deeds», «Mr. Smith au Sénat», 1939 et «L’Homme de la rue», 1941). Au centre de ce triptyque, un homme ordinaire, innocent et idéaliste, se confronte douloureusement à une foule corrompue. Si la touche profondément optimiste que le cinéaste place dans sa peinture du rêve américain n’évite pas un certain manichéisme, elle a néanmoins donné naissance aux fables les plus enchanteresses du cinéma classique américain.
Le très idéaliste Jefferson Smith devient sénateur des Etats-Unis aux côtés de Joseph Paine, un politicien véreux. Les deux hommes entrent en conflit lorsqu’ils déposent deux projets de loi aux objectifs diamétralement opposés. Tandis que Smith propose de créer une colonie de boy-scouts, Paine entend bien ériger un barrage au même endroit, promesse de gros bénéfices…
«Je chanterai la complainte du travailleur, du pauvre gars qui se fait rouler par la vie (…), je prendrai le parti des désespérés, de ceux qui sont maltraités en raison de la couleur de leur peau ou de leurs origines», ainsi répondait Frank Capra à ceux qui taxèrent ses films de communistes. Dans cette idée, le cinéaste illustre avec cette fable politique vitriolée l’échec de la collectivité et de l’innocence face à l’individu et la corruption. Cette lutte de Bien contre le Mal, James Stewart, alias Mr. Smith, la mène avec une candeur tout enfantine, une irrésistible maladresse, qui nous arrache des larmes de rire et de tristesse à la fois.
Mr. Smith Goes to Washington
de Frank Capra
Etats-Unis, 1939, 2h05