A voir lundi 24 août 2015 à 22h25 sur Arte |
Cinéaste cosmopolite de nationalité française, acteur, artiste touche-à-tout et critique de cinéma, Barbet Schroeder a passé son enfance en Iran et en Colombie, avant de devenir l’assistant de Jean-Luc Godard et de fonder avec Eric Rohmer Les Films du Losange, une maison de production sous la houlette de laquelle il produisit des films de Rivette ou Wenders…
Mine de rien, Barbet Schroeder aligne depuis 1969 les surprises, ce qui en fait l’un des cinéastes les plus passionnants de l’histoire (contemporaine) du cinéma. Adepte de sujets forts qui interpellent le spectateur, l’auteur du «Mystère von Bülow» (1990) réussit toujours à leur donner un tour surprenant mettant à mal nos pseudo certitudes – les dépendances («More», 1969; «Barefly», 1987); la volonté de puissance («Général Idi Amin Dada», 1974); le sadomasochisme («Maîtresse», 1975), la violence sociale («La vierge des tueurs», 2000,), l’illusion scientiste («Koko, le gorille qui parle», 1977), la pulsion de mort («JF partagerait appartement», 1992 et «Calculs meurtriers», 2002) ou encore les hommages fabuleux au film de sabre et au film noir («Inju, la bête dans l’ombre», 2007).
Mis en musique par Pink Floyd, «More», son premier long-métrage, raconte l’histoire de Stefan, un jeune diplômé allemand. En séjour à Paris, il rencontre Estelle, une jeune Américaine qui ne manque pas de charme. Elle l’invite à la suivre à Ibiza, où elle compte bien passer quelques jours de détente en compagnie de quelques substances chimiques. Une fois sur place, l’idylle tourne rapidement au cauchemar…
1969: année érotique. Le mouvement hippie a la cote, mais Barbet Schroeder n’entend pas filmer la paix et l’amour dans un halo de fumée psychédélique. De cette drogue censée libérer les esprits, le cinéaste ne garde que les conséquences néfastes et la lente déchéance d’un jeune homme à qui l’avenir souriait. Et pourtant, ce n’est pas ce qui importe le plus dans cette histoire, la drogue n’étant qu’un rouage dans un processus autodestructeur. C’est qu’à trop vouloir aimer, on se brûle les ailes…
de Barbet Schroeder
Luxembourg / France / Espagne, 1969, 1h54