A voir mercredi 21 septembre 2016 à 23h15 sur RTS Deux |
Le cinéaste Arthur Penn (1922-2010) a été le fer de lance de toute une génération de réalisateurs américains désireux de rompre avec un modèle hollywoodien déconnecté du réel, incapable de prendre acte de la mue de la société américaine et du malaise protestataire qui allait avec… Non sans une intelligence aigue, Penn s’empare du film de genre pour le subvertir de l’intérieur et ce, dès son premier film, «Le Gaucher» (1958), vrai faux western qui déconstruit la légende de Billy The Kid.
Après avoir réalisé le médusant «Miracle en Alabama» (1962) et «Bonnie and Clyde», qui exercera une influence majeure sur le cinéma américain à venir, Penn poursuit une œuvre, toujours passionnante (dont «La Poursuite impitoyable», «Alice’s Restaurant» et «Little Big Man»). Tourné en 1976, «Missouri Breaks» est à nouveau un vrai faux western grinçant, à mille lieus de toute légende fondatrice!
En butte à une bande de voleurs de chevaux menée par Tom Logan (Jack Nicholson magnifique), qui entretient de plus une liaison avec sa fille, un grand propriétaire engage le tueur à gages Jack Clayton (Marlon Brando sublime). Le sicaire se met au travail, abattant un à un les membres de la bande de Logan… Vêtu tout de blanc, tel un ange de la mort grandiloquent, Clayton n’est en fait qu’une brute sadique et cruelle, soliloquant sur sa grande destinée, alors qu’il n’est que le séide d’une oligarchie prompte à confondre hors-la-loi et miséreux revendicateurs.
Quatre ans plus tard, Michael Cimino poursuivra ce travail de sape avec le grandiose «Les Portes du Paradis», véritable épopée du démantèlement du mythe fondateur étasunien, dont l’échec public sonnera le glas du rêve d’un cinéma indépendant d’envergure, ainsi que Penn l’aura rêvé toute sa vie…
The Missouri Breaks
de Arthur Penn
Etats-Unis, 1976, 2h06
