Millénium 3 – La reine dans le palais des courants d’air

A voir jeudi 29 octobre 2015 à 23h sur M6 |

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Feu l’écrivain Stieg Larsson avait su ménager le suspense jusqu’au terme de sa trilogie romanesque. On ne peut en dire hélas autant de la transposition cinématographique de son best-seller, dont le troisième et dernier volet s’avère un peu faible. La responsabilité de cette chute en vrille incombe surtout au réalisateur Daniel Alfredson, tâcheron désuet issu de la télévision suédoise, qui avait déjà un brin éteint «La Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette», le numéro deux.

Ce ratage a été engendré par une stratégie de production pour le moins singulière, soit un premier épisode tourné pour le cinéma (avec le talentueux Niels Arden Oplev aux commandes) et les deux autres réalisés dans la foulée sous la forme de deux téléfilms (usinés par Alfredson) d’une durée de plus de trois heures chacun. Confrontés au succès des «Hommes qui n’aimaient pas les femmes», les décideurs de la Nordisk Film n’ont pas résisté à l’attrait d’une sortie en salles complémentaire pour les deux suites et ont donc procédé à un remontage, histoire de ramener celles-ci à des durées acceptables aux yeux des distributeurs.

Une fois décelé ce «vice de forme», il n’y a pas grand-chose à ajouter, sinon que la pauvre Lisbeth Palander en bave encore plus, au point d’en perdre presque l’usage de la parole, laissant à l’entreprenant Michael Nyqvist le soin de l’innocenter, ce qui permet à celui-ci de retrouver un rayonnement qu’il avait perdu au gré de l’épisode deux. Avec une obstination qui fait honneur au journalisme d’investigation, Nyqvist va tenter de faire la preuve de l’implication des services secrets dans les malheurs de Lisbeth…

De fait, seul le dénouement, qui a pour théâtre un tribunal, échappe à la platitude d’une mise en scène «morne plaine» comme on en voit rarement au cinéma. Certains ont loué l’audace des ayants droit de Larsson, lesquels ont préféré s’en remettre d’abord à une production européenne, plutôt que de céder tout de suite à Hollywood. Pour notre part, en regard du résultat, nous préférons le remake américain de David Fincher. Mais comme on a vu les deux premiers épisodes suédois, on ne peut faire l’impasse sur ce numéro 3!

Luftslottet som sprängdes
de Daniel Alfredson
Danemark / Allemagne / Suède, 2009, 2h27