A voir samedi 9 août 2014 à 22h45 sur France 3 |
Quelle mouche a piqué certains réalisateurs de renom pour se mettre au service de la télévision? Pour quelle raisons ces auteurs investissent-ils un terrain déjà saturés de représentants qu’on n’arrive plus à distinguer pour leur qualité? Serait-ce la mort annoncée du cinéma? Après «Boardwalk Empire» de Martin Scorsese, «House of Cards» de David Fincher et «Top of the Lake» de Jane Campion, Todd Haynes s’est lancé dans une nouvelle adaptation du roman de James M. Cain, «Mildred Pierce». Force est de constater qu’une vague nouvelle déferle sur la planète TV et que les versions «petite lucarne» de ces réalisateurs sont étonnantes à plus d’un titre.
L’époque du plan d’ensemble fixe éclairé aux néons et des rires enregistrés semble révolue. Aujourd’hui, c’est tout le savoir-faire technique du cinéma qui imprègne ces nouveaux formats narratifs. L’inventivité de la mise en scène et des cadrages des «Breaking Bad», «Mad Men» et autres «American Horror Story» révèle les nouvelles possibilités que certaines chaînes de télévision audacieuses (et plus particulièrement HBO et AMC) offrent aux cinéastes. Le format court, quant à lui, leur permet de renouer avec un style d’écriture qu’ils expérimentaient probablement à leurs débuts. En résultent des épisodes extrêmement aboutis sur le plan de la technique et véritablement surprenants au niveau narratif.
Avec «Mildred Pierce», l’auteur de «Loin du paradis» (2002) et «I’m Not There» (2006) reproduit la démarche des enfants terribles du Nouvel Hollywood qui imposaient leur patte d’auteur et leur modernité à un genre phare du cinéma classique américain, comme le western, le film noir ou la comédie musicale. Ici, Todd Haynes pose un regard à la fois séduit et distancié sur le «woman’s picture», un courant de films en vogue durant la Deuxième Guerre mondiale, qui brossaient le portrait de femmes héroïques, fortes et indépendantes. A leur image, Kate Winslet incarne une inoubliable Mildred, qui se bat courageusement afin d’épargner sa famille des ravage de la crise financière des années 1930. C’est certain, l’actrice n’a pas volé les quatre récompenses, dont un Emmy Award et un Golden Globe, qui lui ont été décernés pour ce rôle.
de Todd Haynes
Etats-Unis, 2011, 2h