A voir mercredi 26 février 2014 à 23h35 sur RTS Deux |
Robert Altman (1925-2006) aura marqué de son empreinte subversive l’histoire récente du cinéma américain. Né à Kansas City, engagé au 307e Groupe de Bombardiers en 1945, Altman réalise le premier de ses trente-cinq longs-métrages en 1968. Il fait ses débuts à Hollywood, alors que l’Usine à rêves connaît une débandade économique sans précédent, et devient le fer de lance d’une génération de jeunes cinéastes contestataires qui tourneront en bourrique des Majors déboussolées en quête de nouveaux talents (Sidney Pollack, Arthur Penn, Jerry Schatzberg, Francis Ford Coppola, etc.). Maître incontesté du film choral, Robert Altman multiplie les personnages à l’envi, mais n’en laisse jamais un dans l’ombre.
Après quelques projets avortés, Altman triomphe avec «M.A.S.H.» (1970), jeu de massacre formidable qui abâtardit de façon iconoclaste le film de guerre. Fort de cet immense succès, le réalisateur se lance dans une glorieuse décennie qui verra naître des projets dont l’audace lui vaudra l’inimitié des grands studios. Particulièrement productif durant cette période, le cinéaste opère au sein de genres très variés (film noir, western, comédie musicale, science-fiction, film d’auteur) qui contiennent néanmoins systématiquement la fameuse signature Altman. De «Brewster McCloud» (1970) à «Buffalo Bill et les Indiens (1976) en passant par «Le Privé» («The Long Goodbye», 1973) et le monumental «Nashville» (1975), il n’aura de cesse de revisiter les grands récits hollywoodiens, menant une entreprise de démystification sans précédent.
Extrêmement controversé, le roman autobiographique de Richard Hooker dont est tiré «M.A.S.H.» a été adapté pour le cinéma puis proposé à de nombreux réalisateurs qui en refusèrent, les uns après les autres, la réalisation. Le projet atterrit alors sur le bureau de Robert Altman qui, sans que personne ne le sache encore, s’avèrera être le candidat idéal pour mener à bien cette entreprise irrévérencieuse. «M.A.S.H.» ou «Mobile Army Surgical Hospital» (unité chirurgicale de campagne) décrit les aventures d’une division médicale américaine durant la guerre de Corée. Interventions chirurgicales hasardeuses sous influence de drogue ou d’alcool, parties de foot et de jambes en l’air… les médecins d’Altman s’en donnent à cœur joie pour supplanter la réalité guerrière, transformant l’essai en gigantesque farce anti-militariste. Palme d’or à Cannes en 1980, le film essuya les critiques les plus virulentes, tant sur le sol américain que français. Aujourd’hui réhabilité au rang de film incontournable, «M.A.S.H.» est un diamant brut qui exprime toute la nécessité de l’esprit contestataire des seventies.
de Robert Altman
Etats-Unis, 1970, 1h56