A voir samedi 25 janvier 2014 à 8h45 sur RTS Un |
A bout de force, Jubal est à deux doigts de la mort lorsque Shep Horgan l’emmène dans son ranch. La personnalité du cow-boy solitaire séduit l’éleveur qui lui propose alors de travailler à ses côtés. May, l’épouse de Shep, n’est pas non plus insensible aux charmes de Jubal et lui fait clairement comprendre ses intentions. Mais cet homme de nulle part est l’incarnation même de la loyauté et l’amitié qui le lie à son sauveur s’avère bien plus importante qu’une coucherie facile. Repoussant les avances de May, il va également devoir composer avec la jalousie haineuse de Pinky, le régisseur que Shep évince progressivement en faveur de son nouveau protégé.
Cinéaste à la conscience sociale aiguë, Delmer Daves s’est démarqué des réalisateurs de westerns de la nouvelle génération en s’engageant ouvertement pour réhabiliter le statut des Indiens et les représenter en tant qu’égal de l’homme civilisé et non plus comme des sauvages sanguinaires et primitifs. Pourtant, aucun Indien n’apparaît dans «L’Homme de nulle part», mais cette absence n’occulte pas l’engagement affectueux de Daves envers l’Homme. Aussi, même l’intraitable Pinky dévoile sa sensibilité pour représenter davantage qu’une brute élaborée dans le seul dessein de créer des situations de confrontation.
A l’arrière-plan, les montagnes du Wyoming, les eaux calmes des lacs et les plaines dorées ravissent le regard. A l’avant-plan, l’amour et l’amitié forment le noyau autour duquel gravitent les protagonistes de cette anecdote de l’Ouest. Féru d’histoire, Daves considérait le western non pas comme un mythe ou un genre stylisé, mais comme un héritage auquel seule la vérité pouvait rendre hommage. Ainsi, en mettant en scène des hommes ordinaires dans des situations communes, le cinéaste a restitué dans ses films l’authenticité d’un Ouest que tant d’autres se sont employés à interpréter. Cette méthode noble, Dave la raconte ainsi: «Je fais des films et des westerns pour les gens dont il est question dans ces films… C’est une joie d’être honnête vis-à-vis de la vérité… Je veux faire comprendre, et comprendre, c’est d’abord aimer»
Jubal
de Delmer Daves
Etats-Unis, 1956, 1h40