L’Homme de la rue

A voir samedi 31 janvier 2015 à 08h35 sur RTS Un |

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Formé comme gagman chez Hal Roach et Mack Sennett, Frank Capra a marqué la comédie américaine de sa bienveillance et sa recherche constante d’un idéal américain. En 1936, il initie ce qui a été rétrospectivement considéré comme une trilogie («L’Extravagant Mr. Deeds», «Mr. Smith au Sénat», 1939 et «L’Homme de la rue», 1941). Au centre de ce triptyque, un homme ordinaire, innocent et idéaliste, se confronte douloureusement à une foule corrompue. Si la touche profondément optimiste que le cinéaste place dans sa peinture du rêve américain n’évite pas un certain manichéisme, elle a néanmoins donné naissance aux fables les plus enchanteresses du cinéma classique américain.

Licenciée du journal où elle travaillait, Ann décide de coucher sa fureur et sa déception sur papier en rédigeant un dernier article dans lequel elle prétend avoir reçu, la veille de Noël, une lettre de suicide d’un certain John Doe. Publié dans les colonnes du journal, l’article fait fureur et provoque une réelle attente autour de ce mystérieux personnage en proie au plus grand désespoir. Pour dissimuler son imposture, Ann engage un sans-abri pour interpréter le fameux John Doe. Mais la rançon de la gloire est bien plus élevée qu’escompté…

Tout est question d’argent, de manipulation et de politique, nous dit Frank Capra à travers l’exploitation d’un homme qui rêve simplement d’un repas chaud. A la veille de Noël, grisé par la bienveillance ambiante qui accompagne fêtes de fin d’année, chacun se prend d’affection pour cet homme de la rue, un ancien joueur de base-ball renvoyé dos à dos avec son échec social. Critique des utopies, de l’hypocrisie et de la récupération du malheur des uns pour pour faire le bonheur des autres, «L’Homme de la rue» constitue un mélodrame désenchanté, laissant présager l’amertume d’un auteur qui se laissait porter jusque-là par ses idéaux humanistes.

Meet John Doe
de Frank Capra
Etats-Unis, 1941, 2h02