Les Poupées du diable

A voir dimanche 10 avril 2016 à 0h25 sur France 3 |

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Surnommé en son temps «l’Ange du bizarre», Tod Browning (1882-1962) est sans doute l’un des réalisateurs américains les plus singuliers du premier siècle de cinéma étasunien! Ancien homme de cirque, Browning se forme auprès de David W. Griffith. Dès 1917, il tourne des films «bizarres». Au milieu des années 1920, il fait la connaissance de l’acteur transformiste Lon Chaney qu’il dirige à dix reprises, notamment dans «Le Club des trois» (1925).

Dans tous les films de son extraordinaire période muette, Browning emprunte la voie fantastique pour relativiser la morale et la normalité qui font le ciment de notre soi-disant société évoluée, laquelle ne fait qu’exclure tous ceux et toutes celles qui ne sont pas conformes à ses critères hypocrites (dont en premier lieu les handicapés). Réalisé quatre ans après «Freaks» («La parade monstrueuse»), film limite dont le tournage révulsa toutes les stars bienpensantes d’Hollywood, «The Devil Doll» («Les Poupées du diable», 1936), dont le scénario est cosigné par Erich Von Stroheim, constitue son chant (très noir) du cygne.

Paul Lavond, un ancien banquier emprisonné à tort s’échappe du bagne de Devil’s Island avec un savant fou nommé Marcel. Les deux évadés rallient un laboratoire secret où s’active Malita, la femme handicapée de Marcel. Ce couple maléfique a mis au point un procédé pour réduire de façon drastique la taille des êtres vivants, preuve en est un nombre impressionnant de chiens miniatures qui pullulent dans les environs. Rapetissés, cerveau compris, ces pauvres créatures peuvent dès lors être contrôlées par la seule force de la pensée. Après la mort par crise cardiaque de Marcel, Lavond va faire de cette invention l’instrument d’une vengeance très personnelle…

Synthèse absolue du mélodrame et de la féérie fantastique, «Les Poupées du diable» constitue une œuvre inégalée dans son genre qui, dans l’histoire du cinéma, brille avec l’éclat d’un diamant noir, servie par des acteurs exceptionnels d’étrangeté! Mention spéciale à Lionel Barrymore (Lavond) et l’éblouissante Rafaela Ottiano (Malita)… Bref, le film culte par excellence!

The Devil-Doll
de Tod Browning
Etats-Unis, 1936, 1h18