Les Neiges du Kilimandjaro

A voir vendredi 22 avril 2016 à 6h05 sur Rouge TV |

les-neiges-du-kilimandjaro_1952_WEB

Inlassablement en quête d’aventure, le reporter Harry Street (Gregory Peck) emmène son épouse Helen (Susan Hayward) à un safari en Afrique. Victime d’un accident de chasse, il contracte la gangrène. Alors qu’il sent la mort venir et la fièvre monter, il ne peut s’empêcher de raconter ses périples passés, héroïques et sentimentaux, mû par un ultime désir d’agitation. Des flashbacks spectaculaires dépeignent alors sa rencontre avec Cynthia (Ava Gardner) à Paris, l’amour passionnel et le voyage en Espagne, où la jeune femme est tuée pendant la guerre civile. Au pied du Kilimandjaro, ce récit suscite de vives émotions chez Helen, dont la réaction modifie progressivement le regard de Harry sur sa femme…

Adapté de la nouvelle éponyme d’Ernest Hemingway, le film restitue avec fidélité les thèmes chers de l’écrivain américain et se glisse avec grâce dans l’intimité passionnelle de ses caractères. Les neiges du Kilimandjaro constituent alors une métaphore du lointain; de la quête effrénée d’un ailleurs inaccessible, alors que le présent et le proche recèlent de qualités non moins estimables. Image du lointain encore – et de la mort – dans la célèbre chanson de variété de Pascal Danel, «Les Neiges du Kilimandjaro» est aussi le titre du film de Robert Guédiguian, sorti en 2011.

Or depuis son fief de L’Estaque, le cinéaste ne semble guère se référer au texte de Hemingway, encore moins au film de Henry King. Le Kilimandjaro n’est ici qu’une rengaine chantée par des petits Marseillais pas très nationalistes et, inexorablement, le rêve à peine évoqué d’un lointain beaucoup trop lointain, alors que s’abat sur le quotidien la lourdeur – et les petits bonheurs, ben oui! – des travailleurs contemporains. En effet, bien plus de soixante ans séparent ces deux film: alors que le détail du petit et du présent fait la force de celui qui se réfère à Jean Jaurès et Victor Hugo, l’ivresse de la grandeur relie les sommets de Hollywood à ceux du Kilimandjaro. Avant de choisir son camp, l’heure est au chef-d’œuvre des passions exaltées de celui qui fut pendant plusieurs décennies le pilier de la 20th Century Fox.

The Snows of Kilimanjaro
de Henry King
Etats-Unis, 1952, 1h55