Les Croix de bois

A voir dimanche 23 février 2014 à 23h50 sur France 3 |

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«Cette tranchée toute neuve était ourlée de terre fraîche, comme une fosse commune. C’était peut-être pour gagner du temps qu’on nous y avait mis vivants». En 1919, Roland Dorgelès publie «Les Croix de bois», un roman inspiré par son expérience militaire lors de la Première Guerre mondiale. Divisé en chapitres indépendants, ce livre décrit le parcours de différents personnages catapultés dans cet univers hostile, du caporal empathique au soldat froussard en passant par l’étudiant fraîchement diplômé. En 1931, Raymond Bernard transpose cette histoire à l’écran en contournant la structure particulière de l’ouvrage pour se concentrer sur le personnage de l’étudiant, Gilbert Demachy. Mobilisé en 1914, le jeune homme découvre avec effroi les horreurs de la Grande guerre. Alors que les poilus tombent les uns après les autres au combat, de croix de bois de fortune sont bricolées dans l’urgence pour rappeler les morts au souvenir des vivants…

Film injustement méconnu, «Les Croix de bois» n’est pas seulement louable pour son ton pacifiste, mais aussi pour son innovation technique. Au début des années 1930, le cinéma français entre progressivement dans le cinéma parlant. Profitant de ces nouvelles possibilités, le cinéaste expérimente pour la première fois le mixage multipiste, conférant aux sons spécifiques des tirs et des explosions toute leur ampleur mortifère.

Fils du romancier Tristan Bernard, Raymond Bernard s’est d’abord lancé dans la comédie avant d’entrer au studio Gaumont, au milieu des années 1910, en tant qu’assistant de Jacques Feyder. Convaincu par son expérience cinématographique, il abandonne les planches pour se consacrer à la réalisation. Particulièrement ambitieux et actif dans de nombreuses organisations liées au cinéma, il a toujours essayé de promouvoir le cinéma comme un art aussi bien populaire que prestigieux. Mises en scène grandiloquentes, grands sujets, comédiens de premier choix… tout est réuni pour concurrencer la surenchère du cinéma américain. Ainsi sont nés «Le Miracle des loups» (1942) et l’ambitieuse adaptation des «Misérables» (1934).

de Raymond Bernard
France, 1931, 1h46