A voir dimanche 12 juin 2016 à 0h20 sur France 3 |
Né en 1915, mort en sautant par la fenêtre en 2010 pour échapper à son cancer, Mario Monicelli est, avec Dino Risi, Ettore Scola et Luigi Comencini, l’un des précieux inventeurs de la fameuse «comédie à l’italienne» qui a pris le relais du néoréalisme épuisé au début des années soixante pour continuer à refléter les réalités italiennes en les moquant avec une tendre férocité!
Dans la veine de «La Grande guerre», réalisé quatre ans auparavant et qui démystifiait avec un entrain massacrant l’héroïsme prêté aux malheureux soldats de la Première Guerre mondiale, «Les Camarades» (1963) retrace les aléas tragicomiques d’une grève menée à la fin du dix-neuvième siècle dans une tréfilerie de Turin où se multiplient les accidents de travail.
Ulcérés, trois ouvriers entrent en conflit avec le contremaître à la suite d’un nouveau drame. En signe de protestation, ils persuadent leurs pairs de partir une heure plus tôt ce soir-là. Las, cette action n’est pas du goût de la direction, qui profite de l’inexpérience de ces hommes simples pour les berner et les sanctionner de façon disproportionnée! Fraîchement débarqué de Gênes, un instituteur militant socialiste incite alors les ouvriers à s’organiser. Appelée à la rescousse, l’armée finira par tirer sur les grévistes…
Humaniste à qui on ne la fait pas, Monicelli reconstitue la première grève de l’histoire de l’Italie. Avec le concours d’une pléiade d’acteurs formidables, dont Renato Salvatori, Bertrand Blier, Annie Girardot, François Périer ou encore Marcello Mastroianni dans le rôle du militant génois, le cinéaste transalpin dépeint certes l’échec d’un mouvement mais aussi la naissance, bouleversante, d’une véritable fraternité de classe. Avec un lyrisme qu’on ne lui connaissait pas, mais sans se départir de son humour corrosif (et ici particulièrement désespéré), il signe avec «Les Camarades» l’un de ses grands chefs-d’œuvre, pas moins!
I Compagni
de Mauro Monicelli
Italie, 1963, 2h10
