Les Bien-aimés

A voir lundi 29 juin 2015 à 23h50 sur France 2 |

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Le cinéaste français Christophe Honoré s’est imposé comme l’un des rares (et dignes) héritiers de la Nouvelle Vague et de Jacques Demy en particulier. Après le controversé et très naturaliste «Homme au bain» (2010), le réalisateur de «Dans Paris» (2006) renoue dans «Les Bien-aimés» avec l’enchantement désenchanté des «Chansons d’amour» (2007), mais en appariant à la captation de l’instant magique, exercice dans lequel il est passé maître, la sensation nettement moins jouasse de la durée. Ce mariage de raison, si l’on peut dire, fait des «Bien-aimés» son film le plus réussi, sinon le plus mature (et par conséquent le plus déchirant)…

Jeune blonde accorte, Madeleine (Ludivine Sagnier) est vendeuse de chaussures en 1963. Elle se prostitue pour arrondir ses fins de mois puis file à Prague avec un médecin tchèque qui lui fait un enfant. Ne supportant plus les infidélités de son mari, elle rentre à Paris avec sa fille Véra, alors que les chars russes débarquent sur la place Wenceslas. Le temps file, Madeleine vieillit et Véra grandit. Et la ronde du manque et des amours impossibles de se poursuivre, mais cette fois de façon partagée, entre mère et fille, malgré le gouffre des générations…

Avec l’audace qui le caractérise, le cinéaste escamote Ludivine Sagnier pour faire apparaître Catherine Deneuve, alors que Chiara Mastroianni prend les traits de Véra adulte. A intervalles réguliers, les «bien-aimés» se mettent à chanter des chansons faussement légères, une manière d’exorciser leur mal-être. C’est dans ces instants de grâce que le cinéaste évoque le plus le regretté Jacques Demy, tout faisant entendre sa propre musique.

de Christophe Honoré
France, 2011, 2h19