Le Temps d’aimer et le temps de mourir

A voir samedi 19 septembre 2015 à 8h30 sur RTS Un |

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Né en Allemagne en 1897, Douglas Sirk (de son vrai nom Detlef Sierck) fut d’abord metteur en scène de théâtre, avant de devenir cinéaste et de mettre à profit son sens inné de l’espace et de l’ellipse. Prince du mélodrame à la manière hollywoodienne, protégé de la Universal, Sirk se montre extrêmement doué pour faire apparaître les tragédies avec une splendeur incomparable et, ainsi, ne recule devant aucun artifice fictionnel, aucun coloris, aucun excès pour atteindre les sentiments qu’il veut décrire.

Dans la dernière partie de sa carrière hollywoodienne, Douglas Sirk réalise «Le Temps d’aimer et le temps de mourir», un film de guerre inspiré par son histoire personnelle. En 1925, le cinéaste épouse Lydia Brincken, une sympathisante nazie avec laquelle il a un fils, qui grandit au sein des Jeunesses hitlériennes. Quelques années et un divorce plus tard, le cinéaste se marie avec une Juive, Hilde Jary, et attise la colère de son ex-femme qui l’empêche alors de revoir son garçon. En 1937, harcelé par les nazis pour l’amour qu’il porte à son épouse, Douglas Sirk fuit l‘Allemagne pour les Etats-Unis et apprend, en 1944, la mort de son fils, tué parmi les rangs allemands lors de la campagne de Russie.

Hanté par ce souvenir douloureux, Douglas Sirk trouve dans un roman d’Erich Maria Remarque un écho sensible à son passé et en réalise une adaptation remarquable, filmée en décors naturels. Le jeune soldat Ernst Graber profite d’une longue permission pour rentrer en Allemagne. Il fait alors la connaissance d’Elizabeth Kruse, qu’il épouse aussitôt. Le couple s’aime passionnément au milieu des ruines allemandes, jusqu’à ce que Ernst soit rappelé sur le front russe… Nourri par le deuil de son fils et l’histoire d’amour décrite par Remarque, Douglas Sirk livre un mélodrame au lyrisme indescriptible, où la puissance du sentiment amoureux l’emporte sur les horreurs de la guerre.

A Time to Love and a Time to Die
de Douglas Sirk
Etats-Unis, 1958, 2h12